INDIGNATION. Dans le cadre de la maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS), la mairie prévoyait la mise en place d’un village rom dans le quartier de Paléficat. C’était sans compter sur l’opposition et la mobilisation des riverains.
Par Simon Pialat
Ce sont les bulldozers, courant juillet, qui les ont informés du projet à venir, mais les habitants de Paléficat n’ont pas attendu longtemps pour faire interrompre les travaux. La mairie a prévu d’installer un village rom dans leur quartier, sur une propriété qui lui appartient. Plus précisément, il s’agit d’accueillir la présence de 32 bungalows et plus de 50 ressortissants européens dont 13 enfants expulsés du Ramier. Projet établi dans le cadre de la maîtrise d’œuvre urbaine et sociale, il prévoit de soutenir les populations en situation de précarité. Mais les riverains ne perçoivent pas les choses de la même manière, évoquant à défaut d’une action solidaire l’aggravation de la situation pour une population elle-même en difficulté. C’est surtout la manière que contestent les riverains, déplorant non seulement l’absence de communication mais reprochant aussi à la mairie d’être passée outre les autorisations administratives et le permis de construire. C’est aussi le contexte délicat dont a souffert le secteur qui ravive l’indignation et le mal-être des habitants, rejetant toute forme de discrimination et de récupération politique.
« Nous sommes déterminés : cela ne se fera pas à Paléficat !»
«Nous avons largement contribué à l’effort collectif», proteste Sylvie Roussel, vice-présidente de l’association Vivre à Paléficat. Le quartier possède déjà un accueil de gens du voyage sédentarisés, héberge plusieurs jeunes SDF et témoigne de la convention passée entre la mairie et les occupants d’un squat, parfaitement intégrés. Ce sont les expropriations liées d’une part à la réserve foncière de la mairie depuis 2006, et d’autre part au passage du Boulevard Urbain Nord, que ne digèrent toujours pas les riverains. «Nous sommes sur de la maltraitance, sans cesse agressés, je pourrais employer le mot ‘terrorisme’. Tant de choses en si peu de temps, cela fait beaucoup !» poursuit la vice-présidente de l’association. L’ambiance semble s’être détériorée depuis plusieurs années d’après Sylvie Roussel, elle-même lésée par les deux vagues d’expropriations. «Quand je dis que nous sommes meurtris : expropriés pour seulement 15 à 25 € le mètre carré, ce n’est rien du tout !» Face à la grogne des résidents et de leur association, des concertations ont vu le jour avec les élus pour trouver un nouvel arrangement relatif au village rom, afin d’éviter une polémique supplémentaire. Mais les uns reprochent aux autres de balayer leurs propositions. «Nous sommes déterminés et je suis catégorique : cela ne se fera pas à Paléficat !» Du côté de la mairie, le projet est actuellement en suspens, son issue encore incertaine. Tout pourrait dépendre des accords passés avec la population locale.
La rédaction
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