L’étudiant fauché qui traîne sa faim sur les bancs de l’université n’est pas un mythe. Au contraire, c’est une réalité malheureusement loin de disparaître. Ils sont encore nombreux à affronter les partiels avec guère plus qu’un yaourt ou une assiette de pâtes dans le ventre. Alors, pour mettre en sourdine les concerts de gargouillis d’estomac dans les amphithéâtres, le JT est allé à la chasse aux bons plans de provisions.
Avec un budget moyen de 382 euros par mois, nombre d’étudiants ont du mal à joindre les deux bouts. Ainsi, 60 % d’entre eux rencontrent des difficultés financières selon le dernier rapport ‘’Santé des étudiants et lycéens’’ de la mutuelle étudiante Smerep. Conséquence : « Ils sont de plus en plus nombreux à se trouver dans une situation de précarité alimentaire », constate Enrique Barroso, vice-président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), en charge de l’innovation sociale.
En moyenne, ils disposent quotidiennement de neuf euros pour se nourrir, contre dix euros en 2016. 38 % d’entre eux sont encore plus précaires puisqu’ils ne peuvent y consacrer que cinq euros par jour. Une statistique en hausse, car ils étaient 22% à se limiter à cette somme un an plut tôt.
« Les étudiants étrangers sont les plus touchés par cette insécurité alimentaire, notamment parce qu’ils n’ont pas connaissance des aides sociales auxquelles ils pourraient prétendre », observe Enrique Barroso. Mais, depuis quelques années, la Fage note que la proportion de ceux dont les parents perçoivent des revenus tout juste supérieurs au plafond pour obtenir les bourses sans toutefois pouvoir subvenir aux besoins de leur enfant étudiant augmente.
« Les étudiants étrangers sont les plus touchés par l’insécurité alimentaire »
Outre les considérations financières, la situation nouvelle dans laquelle se trouvent les jeunes devenus étudiants induit des changements dans leur consommation, comme le souligne la nutritionniste Sandrine Di Donato dans une étude intitulée ‘’L’insécurité alimentaire des étudiants’’ (2013). « L’organisation de la vie quotidienne et la confrontation à des problèmes jusque là absents, surtout s’il y a décohabitation avec les parents, posent des difficultés d’approvisionnement des denrées et de préparation culinaire », commente-t-elle.
Alors, par manque de temps, d’envie mais surtout de revenus, il n’est pas rare que les étudiants ne prennent pas trois repas par jour. La Fage estime même que « 65 % sautent régulièrement l’un d’entre eux ». Quant à la diversification des menus, la considération arrive loin derrière sur l’échelle des priorités estudiantines. Un sur trois confesse ne pas manger de façon équilibrée d’après l’enquête de la Smerep.
« 65 % des étudiants sautent régulièrement un repas dans la semaine »
Pour permettre au plus grand nombre de se nourrir à sa faim et de manière saine, les restaurants universitaires, gérés par les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), proposent des repas complets à moindre coût. « Pour 3,25 euros, il est possible d’y manger une entrée, un plat, du fromage, un dessert et du pain », explique Enrique Barroso, « pour certains, c’est déjà trop cher ! » poursuit-il. Sans compter les plannings qui ne coïncident pas avec les horaires d’ouverture ou la queue interminable : « 57 % des étudiants en sont tenus éloignés. Cela accentue la précarité alimentaire des plus démunis. » Ceux-là restent d’ailleurs difficilement quantifiables car ils ne se font pas connaître. « La honte, le regard des autres, les empêchent de demander de l’aide », conclut le vice-président de la Fage.
© Le Journal Toulousain
Sources : Smerep, Croix Rouge, Observatoire national de la vie étudiante
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