RÉVEIL – Née à Lyon début 2017, l’association Designers Ethiques veut pousser les concepteurs de services et d’interfaces numériques à s’interroger sur le rôle du design numérique dans la monopolisation de notre attention. Et remettre les compétences des designers au service d’une liberté de choix des internautes.
“Comment la technologie pirate l’esprit des gens”. En publiant ce petit manifeste, Tristan Harris, ancien employé de Google jetait un pavé dans la mare en 2016. Il démontrait comment les technologies, développées notamment par les entreprises de la Silicon Valley, nous manipulent pour monopoliser notre attention. Selon Tristan Harris, il est nécessaire de développer et designer des logiciels ‘’éthiques’’. Il a fondé pour cela le label Time Well Spent, pour encourager et mettre en avant les sociétés de technologies qui respectent le temps des utilisateurs.
En France, trois étudiants en architecture de l’information de l’École normale supérieure de Lyon ont décidé de porter ce débat. En janvier 2017, Thibault Savignac, Jérémie Poiroux et Karl Pineau ont donc fondé l’association Designers Ethiques. Ils ont organisé, en mai dernier, la première rencontre française dédiée à la conception numérique durable. Autour de conférences et d’ateliers, elle a rassemblé 160 personnes, des designers, des développeurs, des philosophes, des sociologues…
« Le débat sur la déconnexion fait peser la responsabilité sur l’utilisateur. Alors qu’il a finalement peu de prise. »
Selon Jérémie Poiroux, un usage plus raisonné des smartphones passe par une implication des concepteurs de logiciels. « Le débat sur la déconnexion fait peser la responsabilité sur l’utilisateur. Alors qu’il a finalement peu de prise », estime-t-il. Les ingénieurs, infographistes ou développeurs sont aujourd’hui formés pour maximiser le temps passé en ligne et générer ainsi des recettes publicitaires.
« Le scroll (défilement à l’écran, ndlr) infini capte beaucoup l’attention. On pourrait aussi imaginer des interfaces qui soient plus ouvertes au paramétrage par l’utilisateur lui-même, avec des notifications moins invasives », énumère Jérémie Poiroux. « Cela passe aussi par une éducation des utilisateurs et des concepteurs. »
Designers Ethiques souhaite établir un manifeste qui définirait les contours de cette éthique du design, et pourquoi pas, à terme, un label dans la même philosophie que Time Well Spent. Dès le mois de septembre, l’association ouvrira ses adhésions afin d’encourager l’émergence d’antennes locales dans d’autres villes.
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