Discorde. Les beaux jours s’installent et avec eux, terrasses et parasols qui repeuplent peu à peu les trottoirs toulousains. Pourtant ce qui égaye les soirées toulousaines n’est pas du goût de tous, entre droit au sommeil ou à faire la fête, le cœur de Toulouse balance, mais pour combien de temps ?
Par Aurélie Renne et Séverine Sarrat
« Toulouse, une nuit en enfer ». Voilà le titre d’une des nombreuses pétitions qui circulent sur le web et qui annoncent la couleur dans la ville rose. Car la réputation de ville festive qui suit Toulouse est loin de faire l’unanimité. Et si le sujet resurgit chaque année, d’aucuns disent que le phénomène tend à s’accentuer depuis 3 ou 4 ans. Ils sont de plus en plus nombreux (voir encadré) à se plaindre de la douce cacophonie qui anime les rues de l’hyper-centre toulousain jusqu’au petit matin : « les gens sortent des bars-musicaux souvent ivres et hurlent dans les rues qui deviennent en plus de véritables urinoirs et «vomissoirs» à ciel ouvert ! » Les Di Pietro, habitants du centre-ville depuis plus de 30 ans, disent avoir vu leur quartier, et surtout l’attitude des noctambules mais aussi des gérants d’établissements, changer. Pour tenter de faire entendre leur voix, au milieu du chahut ambiant, ils ont créé l’association Bien vivre à Toulouse centre le 4 juillet dernier dont Marie-Nathalie Di Pietro a pris la présidence. « Nous souhaitons simplement que les établissements respectent la loi, c’est-à-dire les heures limites d’ouverture, l’interdiction de vendre de l’alcool aux mineurs, la limite légale du volume sonore de la musique, la limitation des périmètres des terrasses… pour que tout le monde puisse vivre ensemble, dans le respect de chacun, en bonne intelligence », explique-t-elle. Cette dernière pointe également le manque de surveillance et de sanction à l’égard des gérants faisant parfois fi des règlementations en vigueur. Devant « l’incapacité actuelle des pouvoirs publics » dénoncée par les associations de riverains, Bien vivre à Toulouse a pris les devants et publié une carte interactive, alimentée par les 140 adhérents, répertoriant les principaux axes bruyants de Toulouse…
Haro sur les terrasses ?
Pourtant plusieurs ébauches de solutions ont d’ores et déjà vu le jour à Toulouse. Pour preuve, une « charte de la vie nocturne » avait été éditée et signée en 2011 entre la mairie et les syndicats de cafetiers, discothèques et métiers de l’hôtellerie, pour apaiser les tensions entre professionnels et riverains. « Elle ne sert qu’à se donner bonne conscience ! » lance Monsieur Di Pietro « car les exploitants ne jouent pas le jeu et savent qu’ils ne risquent pas grand-chose ! » Pour Christophe Vidal, maire de la nuit, « cette charte est le bon outil, encore faut-il le faire vivre, organiser des rencontres entre les acteurs… » L’édile des nuits toulousaines est plutôt optimiste sur la question : « on voit clairement les institutionnels se mobiliser autour du sujet de la nuit, des solutions vont naître petit à petit. » Un impératif d’après lui : miser sur le dialogue. Son Guide de la nuit vient d’ailleurs de voir le jour, l’idée ? Proposer des pistes de prévention contre les dérives nocturnes… « Il faut des fontaines à eau en libre accès, des éthylotests à disposition, une communication sur le respect d’autrui via des campagnes d’affichages notamment »… Et s’il prône l’ouverture du dialogue, la communication n’est clairement pas encore l’atout du sujet et les conflits «résultent souvent d’un manque d’information. De nombreux établissements se transforment en bars musicaux ce qui implique l’obligation de s’équiper d’un limiteur de son (la musique s’éteint lorsque le seuil de décibels autorisé est franchi, ndlr), et beaucoup ne le savent pas », temporise Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire en charge de la démocratie locale et du commerce. Sur le terrain, la police nationale et municipale répertorie les troubles à l’ordre public, qu’il s’agisse de volume sonore trop important, de cas d’ébriété… et fait remonter les informations à la préfecture. Cette dernière convoque alors l’exploitant pour tenter de trouver une solution amiable, et prendre des mesures de fermeture administrative si le gérant est de mauvaise foi. « J’avoue que je n’ai pas souvenir qu’une telle sanction ait été prise ! » confie Jean-Jacques Bolzan. Lui, assure que « la mairie joue également un rôle essentiel. » Lorsqu’un trouble est constaté, « nous pouvons envoyer la commission d’hygiène sur place qui effectue un contrôle. Celui-ci peut concerner la propreté, le respect de la législation sur l’alcoolémie comme le volume sonore. Ainsi, les sanctions peuvent aller de la simple amende, qui j’avoue n’est pas très dissuasive, à la fermeture administrative. Nous avons d’ailleurs fait fermer deux épiceries de nuit il y a deux mois car elles vendaient de l’alcool après 22h», précise-t-il. Et c’est sans compter la fermeture des terrasses de 4 bars (le Filochard, le Downtown, le Père peinard et La Comtesse) qui avait fait jaser en janvier dernier. L’adjoint au maire avait à ce moment expliqué que ces établissements n’avaient pas « respecté le vivre ensemble malgré les mises en demeure ». Le plus difficile reste encore de repérer les infractions. Pour cela, « la police tourne » affirme l’élu toulousain mais « après minuit, nous n’en voyons plus un », constate les Di Pietro. À cela, Jean-Jacques Bolzan promet que « nous serons plus efficaces lorsque nous aurons doublé les effectifs comme prévu, début 2016. » Au-delà de cette action, l’association Bien vivre à Toulouse centre propose de « mettre en place des sonomètres qui calculeraient le niveau sonore et alerteraient automatiquement la police dès que la limite légale serait franchie. » Ainsi, le flagrant délit serait constaté et les sanctions pourraient être prises. Une proposition transmise à Julie Escudier, maire de quartier, qui a illico demandé un audit technique, estimant la proposition « intéressante ». Côté Arnaud Bernard, les tenants des établissements de la place des Tiercerettes et la mairie se sont entendus pour dire que les nuisances ne venaient pas forcément de la clientèle des bars et restaurants mais d’une population dite « nuisible, réunissant squatteurs, dealers et autres trublions », comme l’explique Yannick Grabot, patron du Breughel. En mai, une opération test pour le moins surprenante sera d’ailleurs mise en place : toutes terrasses dehors -jusqu’à minuit- pour que l’espace ne soit plus disponible pour cette « population non désirée », les cafés, bars et restaurants devront montrer patte blanche. Pas sûr que Morphée soit au rendez-vous pour autant côté riverains.
Carte des “lieux de tensions” créée par l’association Bien vivre Toulouse centre
Commentaires
Mistral le 23/01/2025 à 10:42
Dessin on ne peut plus partisan. D'abord, un vieux, ensuite, c'est lui qui arrive aprè le bar et qui se plaint.
Quid des gens qui ont vu un bar s'ouvrir dans leur rue?