PASSERELLES. Convaincu que les entreprises sont de plus en plus enclines à jouer un rôle social, Thierry Costes, directeur du club d’entreprises Face Grand Toulouse, estime que les mentalités sont en train d’évoluer concernant l’insertion professionnelle. Un mouvement qu’il s’agit d’accompagner en faisant connaître les vertus des dispositifs existants.
Engagé pour l’emploi et la diversité, le club d’entreprises Face Grand Toulouse, membre de la Fondation agir contre l’exclusion (Face), s’évertue depuis 15 ans à sensibiliser les entreprises sur leur responsabilité sociale tout en accompagnant les personnes éloignées du monde du travail. Une double casquette essentielle selon son tout nouveau directeur Thierry Costes. « Par nos actions, nous sommes amenés à démarcher des entreprises pour qu’elles s’investissent dans l’association ou pour des opérations de recrutement. Et le constat est qu’il serait faux de croire qu’il y aurait une réticence de leur part, les freins à l’embauche de personnes éloignées du monde du travail ne sont pas d’ordre idéologique. L’insertion professionnelle est une problématique finalement assez récente qu’il faut continuer à faire connaître en construisant des passerelles. »
Pour cela, Face agit dès le plus jeune âge en menant des actions de rapprochement entre l’école et les sociétés et œuvre en faveur de l’ensemble des publics concernés par cette problématique. Via une convention avec l’État, la structure est notamment chargée d’animer la charte Entreprises et Quartiers dans les zones prioritaires. Et parmi les interventions récemment engagées, le club a mis en place, en partenariat avec l’assureur AG2R, un coaching de quatre mois à destination des chômeurs longue durée de plus de 50 ans ainsi qu’une opération de recrutement et de formation de 16 services civiques pour GRDF afin d’aller à la rencontre des usagers pour les aider à mieux consommer. « Tous les jours, nous constatons l’envie des entreprises de s’investir dans le champ social mais elles ne savent pas forcément s’y prendre. Pour elles, le temps est de l’argent, il faut donc les accompagner, leur présenter les dispositifs comme les contrats aidés mais aussi les convaincre des plus-values que cela peut leur rapporter car il ne faut pas oublier qu’elles sont là pour dégager des bénéfices », estime Thierry Costes.
Pour encourager les patrons, il faut donc, selon ce dernier, continuer à mettre en place tout un écosystème autour de l’entreprise composé de structures spécialisées comme Face mais aussi d’actions publiques. À Toulouse, la Métropole a par exemple initié depuis plusieurs années des clauses d’insertion dans les marchés publics. « Idéalement, on devrait y arriver autrement mais le fait que la loi oblige les sociétés à employer des personnes issues des quartiers dans lesquels sont effectués les travaux est une bonne mesure. Cela va forcément montrer aux entreprises tout l’intérêt qu’il y a à recruter localement en termes de disponibilité, de ponctualité, de connaissance du milieu », poursuit Thierry Costes.
Enfin, dernier levier pour favoriser l’insertion, selon le directeur de Face, celui de la formation : « Avec notre expérience, nous nous sommes rendus compte que pour les patrons ce ne sont pas forcément les compétences qui sont les plus importantes. Ils attendent surtout de leurs collaborateurs qu’ils maîtrisent les codes de l’entreprise, aient une vraie posture professionnelle, soient sérieux et s’engagent dans la durée. Bref, des personnes sur qui l’on puisse compter, c’est vers cela qu’il faut axer les formations. »
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