Au cœur du quartier Saint-Cyprien, c’est un bâtiment aussi discret que sécurisé qui abrite le centre de vidéosurveillance. Le Journal Toulousain a montré patte blanche et pu pénétrer dans ce lieu où policiers et agents municipaux scrutent les images des caméras disséminées dans la ville.
Pas d’écriteau, pas de blason, pas de nom sur l’interphone. Non pas que la mairie de Toulouse cherche à cacher son nouveau centre de vidéosurveillance en raison de la polémique latente sur les caméras installées aux quatre coins de la ville. C’est surtout la sensibilité du site qui justifie cette discrétion. Il abrite en effet le véritable centre névralgique de la police municipale.
Rien n’y paraît de prime abord. Le décor est plutôt celui attendu dans une installation de ce type : sept postes informatiques alignés devant un imposant mur d’images de 30 m². C’est en réalité dans le fond de la pièce, derrière une grande baie vitrée, que tout est piloté. Avec vue directe sur l’écran géant, un opérateur radio est chargé de lancer les interventions des équipes de terrain. La fréquence générale de la police résonne d’ailleurs dans l’ensemble du centre.
À sa gauche, un autre opérateur radio est quant à lui en liaison directe et unique avec chaque équipe. Sa mission : renseigner au fur et à mesure le logiciel de main courante. Tout est consigné. Heure de l’ordre de mission et de l’arrivée sur place, motif de l’intervention, numéro d’immatriculation du véhicule ou identité de la personne concernée, suites à donner, etc… Charge aussi à cet opérateur d’être en lien avec son collègue basé dans les locaux de la police nationale.
C’est également au sein du PC radio qu’est installé le chef de salle. Ce policier gradé supervise l’ensemble du centre et arbitre ou interrompt certaines opérations en cas de besoin. À sa disposition, la dernière nouveauté de la police municipale : un grand écran projetant une carte où sont géolocalisées les différentes équipes.
Retour du côté de la vidéosurveillance. Cas particulier mais pas inédit, à Toulouse, ce ne sont pas des policiers mais des agents administratifs ou techniques qui sont derrière les ordinateurs. Ils sont 35 à se relayer non-stop, sur la soixantaine de personnes qui font vivre le centre. Tous ont suivi une formation de deux semaines. Une jeune opératrice vidéo est autorisée à s’interrompre pour nous raconter son quotidien : « Nous observons les images en temps réel, en vérifiant qu’il n’y a aucun trouble à l’ordre public ou aucun comportement suspect. Un balayage automatique est programmé sur chaque caméra mais nous avons toute liberté de prendre la main afin de nous focaliser sur un endroit précis, notamment la nuit. Nous travaillons à la fois en fonction du brief qui nous est donné, de notre expérience et de notre connaissance des coins les plus sensibles. Nous alertons le PC radio en cas de problème. »
Sur les écrans, les quelques espaces ne relevant pas du domaine public sont automatiquement remplacés par un carré blanc. Dans une autre petite pièce, également séparée d’une baie vitrée, un agent est exclusivement chargé de gérer les bornes escamotables du centre-ville. Grâce aux caméras, il vérifie l’immatriculation des véhicules demandant l’accès et abaisse les obstacles le cas échéant.
La vie toulousaine est plutôt tranquille en ce mardi matin. Seul un véhicule gênant rue Roquelaine est venu troubler le calme ambiant. Pourtant, 35 000 fiches ont été enregistrées sur le logiciel de main courante au cours des douze derniers mois. « Outre notre travail d’analyse vidéo, nous gérons également les signalements recueillis par le service Allo Toulouse », explique l’un des responsables.
Une charge de travail encore appelée à augmenter avec l’installation programmée de nouvelles caméras, mais aussi avec la mise en place de la vidéo-verbalisation l’an prochain pour sanctionner directement le stationnement illégal grâce aux images. En attendant, ce nouveau centre de vidéosurveillance, inauguré en mars pour remplacer le précédent site devenu exigu et vieillissant, a déjà bouleversé les habitudes de la police municipale. « Auparavant, les équipes de terrain n’avaient pas forcément l’habitude de solliciter l’appui des opérateurs vidéo. C’est désormais le cas », assure la responsable opérationnelle du site.
Alors que nous nous apprêtons à quitter les lieux, deux officiers de police judiciaire font leur entrée. Ils sont venus recueillir un enregistrement dans le cadre d’une enquête. Les images captées par les caméras toulousaines sont en effet conservées 30 jours avant d’être effacées.
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