PAS NÉS SOUS LA MÊME ÉTOILE. Favoriser la mixité sociale. C’est l’un des chevaux de bataille du Conseil départemental de la Haute-Garonne. Pour cela, la collectivité a décidé de contourner la carte scolaire en répartissant des collégiens de la Reynerie dans des établissements plus favorisés. Elle envisage même, dès 2019, de mettre en place un malus financier pour les collèges qui seraient mauvais élèves en matière de mélange des origines sociales. Des mesures qui viennent rappeler que l’idéal républicain ne résonne pas de la même façon pour tous. Cette semaine, le JT explore des initiatives qui veulent contribuer à donner les mêmes chances aux jeunes Toulousains, quel que soit l’endroit d’où ils viennent.
En France, selon les derniers chiffres du ministère de l’Éducation (2016), 94 % des enfants de cadres supérieurs ont obtenu leur baccalauréat, contre seulement 85 % des enfants d’ouvriers. Et plus on s’élève dans les études, plus la proportion d’élèves issus des couches sociales les moins favorisées diminue. Alors que 53 % d’enfants d’ouvriers, d’inactifs et d’employés représentent la majorité des effectifs de collège, ils ne sont plus que 36 % à atteindre un niveau Bac+5 (chiffres 2016). La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, sous l’égide du ministère de l’Éducation, publiait ainsi en août 2015 une étude confirmant que les inégalités sociales accroissent les écarts scolaires.
Même si des inégalités sont déjà perceptibles avant, c’est à partir de l’entrée au collège qu’elles sont les plus criantes. Le changement des méthodes pédagogiques, se calquant sur l’enseignement universitaire, fait ressortir les difficultés scolaires. Mais d’autres facteurs, sociaux cette fois, expliquent aussi le phénomène : « Un enfant n’aura pas les mêmes chances de réussite selon qu’il ait, à la maison, un environnement calme, propice à étudier. Selon que ses parents puissent l’emmener au musée, en voyage… et lui apporter ainsi une certaine ouverture d’esprit. Selon que le langage utilisé au sein de la famille est le même que celui des enseignants », énumère Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Tout un univers de dispositions non quantifiables qui ont une grande influence sur les inégalités observées.
Selon leur origine sociale, les élèves ne suivent pas les mêmes cursus. D’après l’Observatoire des inégalités, 85 % des enfants de milieux favorisés continuent en seconde générale ou technologique, soit deux fois plus que ceux issus de milieux populaires dont une partie opte pour une filière professionnelle. « Cette différence est notamment le résultat d’une priorité typiquement française donnée au titre scolaire, au diplôme », analyse Louis Maurin. Il ne s’agit donc pas là d’une dégradation des capacités mais d’une accumulation de difficultés liées à l’origine sociale, qui s’accroît encore au lycée. Comme indique Joanie Cayouette-Remblière, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques, dans son ouvrage “L’école qui classe” : la hausse des exigences scolaires sans possibilité de trouver une aide adaptée dans l’environnement familial, l’augmentation des temps de transports pour les élèves issus de quartiers populaires, et le manque de soutien des enseignants à l’égard de leurs efforts, ne permettent pas de réduire des disparités déjà réelles.
« Ce n’est pas pour autant que l’on peut affirmer que l’école créée des inégalités. Ces dernières existent de fait. Simplement le milieu scolaire ne parvient pas à les gommer », conclut Louis Maurin.
Ministère de d’Education nationale / Conseil départemental
Dossier de la semaine ” Éducation : comment jouer dans la même cour ? ” :
Commentaires
Gérard Couvert le 01/12/2024 à 15:36
Le blabla habituel qui a 20 ans, au moins, de retard sur les faits ; mais les sociaux-démocrates continuent de nier les constantes de l'être humain.
Passer un certain pourcentage la "mixité" entraîne tout le monde vers le bas, et les "bourgeois" s'en vont dans le privé. L'ascenseur social fonctionnait lorsque la France offrait une fierté d'elle-même aux enfants émigrés ("défavorisés" selon votre vocabulaire pudique), lorsque ceux-ci n'avaient pas d'autre choix que de s'assimiler et que nous n'étions pas soumis à une doxa libérale qui nous ruine.