POPOTE – Alors que de nombreux seniors doivent se contenter d’une petite retraite, la start-up toulousaine Mamie Régale leur propose de gagner un complément de revenu en cuisinant pour des salariés. Marc Leclerc, ancien boulanger, a décidé de remettre la main à la pâte.
C’est avec un grand sourire que Marc Leclerc ouvre la porte de son appartement du quartier du Pont des Demoiselles. Alors que son épouse s’éclipse pour aller garder leurs petits-enfants, qui habitent à côté, le retraité nous invite dans la cuisine. Ou plutôt SA cuisine. «Cela fait 54 ans que nous sommes mariés, c’est toujours moi qui fait les repas» lance dans un rire malicieux le retraité. Au-dessus de la gazinière, une rangée de couteaux et un robot ménager témoignent de sa passion pour les fourneaux.
Marc Leclerc, 75 ans, est un retraité très occupé. Il partage son temps entre son activité de membre du bureau du club des seniors du quartier des Demoiselles, la confection de petits plats pour son épouse ou ses amis et la garde de ses petits-enfants. Depuis un an, il a également repris “le travail”. Il est en effet cuistot pour Mamie Régale. Cette start-up toulousaine fondée par Coline Dejean et Kylia Claude, propose à des retraités de préparer des repas pour des salariés. Un “toqué” travaillant aussi pour l’entreprise livre les ingrédients au cuisinier et apporte ensuite la commande aux clients.
Boulanger-pâtissier pendant 50 ans à raison de «15 heures par jour», il n’a pas hésité à contacter la start-up. «Cuisiner, c’est ce que j’ai toujours fait, je ne me voyais pas faire autre chose. Quand je suis arrivé à la retraite à 60 ans, ça a été formidable de me reposer pendant 6 mois. Puis je me suis vite ennuyé». Il reprend alors le travail avant d’arrêter à 67 ans. Mais les fins de mois se font difficiles. Le couple doit vivre avec la seule pension de Marc Leclerc. Il a donc vu dans Mamie Régale l’occasion de «mettre du beurre dans les épinards», glisse-t-il pudiquement.
Comme lui, près de 3 % des retraités cumulent activité rémunérée et pension. La réforme des retraites de 2014 assouplit d’ailleurs cette possibilité. «Il faut savoir que le minimum vieillesse est de 800 €», explique Kylia Claude. «Pour de nombreuses personnes âgées, la retraite se traduit aussi par une perte de sociabilité et de l’isolement. Nous avons donc eu l’idée de les ramener dans l’entreprise via leurs petits plats ».
Les deux entrepreneuses revendiquent le fait de ne pas baser leur fonctionnement sur le bénévolat. Sur chaque repas vendu 12 euros, la somme est partagée à part équitable entre le retraité, le “toqué”, les ingrédients et Mamie Régale. Le retraité, lui, a le même statut qu’un particulier qui vendrait une prestation sur Blablacar ou Airbnb. Pouvant espérer toucher de 120 à 240 euros par mois de complément de revenu, une soixante de seniors ont rejoint la start-up dans l’agglomération toulousaine.
Pour les salariés faisant appel à Mamie Régale, ‘’Papi Marc’’, comme l’appellent les fondatrices, mitonne souvent sa grande spécialité : des choux à la crème et des pâtisseries, mais aussi des plats comme le Parmentier de canard. Il participe aussi des nombreux événements organisés par la start-up, de l’inauguration des locaux au village des seniors organisé par la mairie de Toulouse. « Aider ces jeunes ça me plait », lance le retraité.
Commentaires