TRANSFORMATION. Peut-être en avez-vous entendu parler ? L’un des plus grands événements sportifs internationaux, la Coupe du monde de football, serait sur le point de commencer. L’occasion, entre bières et pizzas, de s’interroger sur la place du sport dans la société. Le premier est certes le simple reflet de la seconde, soumis aux mêmes discriminations qui sévissent dans toutes les domaines. Mais il est aussi un formidable terrain pour les combattre. Coup de projecteur sur les initiatives qui ne laissent personne au vestiaire.
Des cris de singes depuis les tribunes à l’encontre des joueurs de football Paul Pogba et Ousmane Dembélé. C’est le triste spectacle observé lors du match amical opposant la Russie et la France en mars dernier, à Saint-Pétersbourg. Sport le plus médiatisé, le football est régulièrement pris en exemple pour illustrer le racisme. Mais la discrimination raciale n’est pas la seule recensée : les distinctions sur critères de sexe, de milieu social, de handicap ou d’orientation sexuelle sont notamment relevées. Phénomène que l’on retrouve dans tous les sports et à tous les niveaux.
Jacques Toubon, Défenseur des droits, dans un avis du 19 septembre 2017, fait état d’une « persistance des stéréotypes de genre. L’homophobie dans le sport, au même titre que le sexisme, reste récurrente et banalisée ». Le Paris Foot Gay a d’ailleurs commandé une étude sur 363 joueurs de football, tous niveaux confondus : 41 % des pros et 50 % des joueurs de centres de formation ont exprimé une opinion hostile à l’homosexualité. C’est même tabou pour 74 % des jeunes sportifs. « Cela explique largement l’absence de visibilité des personnes LGBTQI dans le sport. Rares sont les grandes figures qui osent faire leur coming-out de peur d’être exclu-e-s ou privé-e-s de sponsors », analyse Jacques Toubon.
En ce qui concerne la place des femmes dans le sport, c’est au niveau du choix des disciplines (voir infographie), des lieux et de l’intensité de la pratique ou encore de l’engagement dans les compétitions que les inégalités se lisent. Plus le niveau augmente, plus la présence des femmes diminue. Si 87 % d’entre elles pratiquent une activité physique, elles ne représentent plus que 37,7 % des licenciés professionnels en 2016, selon le ministère des Sports.
Cette inégalité des pratiques se retrouve lorsque l’on observe le critère des origines. Comme en témoigne le sociologue Philippe Coulangeon, « les activités sportives sont celles pour lesquelles les écarts d’attitude associés à l’origine sont les plus prononcés ». Il constate une sous-représentation des personnes dites extraeuropéennes dans certaines disciplines comme le tennis, le golf ou le ski, tandis qu’elles ont surinvesti des sports plus populaires comme le foot qui peut se pratiquer hors institution. Et « les règlements de certaines fédérations qui continuent de comporter des quotas de joueurs fondés sur la nationalité » comme l’a remarqué le Défenseur des droits, n’arrangent rien à l’affaire.
Quant aux personnes handicapées, le manque de formation des encadrants ou de sécurité limite leur pratique du sport. Toutefois, comptant 28 disciplines adaptées, la Fédération française handisport dénombrait plus de 56 000 licenciés en 2015, contre 25 000 en 2002. Parce que ‘’Parfois, l’égalité est une victoire’’ comme l’avance la dernière campagne lancée par le ministère des Sports en mars 2018, il est temps que le sport fasse valoir ses valeurs. D’autant que la France va accueillir successivement les Gay Games, l’Euro féminin de handball, les Coupes du monde féminines de football et de rugby et, bien sûr, les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Sources : Licra, TNS Sofres, Secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité femmes/hommes, sondage
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