« La biodiversité ? Tout le monde s’en fiche, à part quelques-uns. » C’est le constat amer que dresse Nicolas Hulot. « Pour provoquer un sursaut de réaction », le ministre de la Transition écologique a présenté les grands axes de son futur plan pour la biodiversité. Car, comme il le rappelle, il y a urgence. Selon les chercheurs de plusieurs universités américaines et le CNRS, en 15 ans, un tiers des oiseaux a disparu en France, le nombre de poissons subit un déclin vertigineux, et les espèces s’éteignent 100 fois plus vite que par le passé.
En ville, le phénomène est d’autant plus criant. Pourtant, « la biodiversité dispose d’un rôle essentiel en milieu urbain », explique Jean-David Abel, vice-président de France nature environnement (FNE). « Elle permet d’assurer une régulation thermique, la purification de l’air et une meilleure gestion de l’eau, mais aussi sur la santé psychique des citadins. » Il semble que les habitants l’aient bien compris puisqu’un sondage édité par l’Observatoire des villes vertes révèle que six Français sur dix sont convaincus que créer des espaces verts devrait être la priorité des collectivités.
Guy Geoffroy, président de l’association Les Éco-maires et édile de Combs-la-Ville, concède que les actions peuvent mettre du temps à être développée mais que « la prise de conscience des municipalités est générale ». « Nous observons de plus en plus d’élus menant des initiatives concrètes en la matière comme l’actualisation d’un atlas de la biodiversité communale », ajoute-t-il.
Cependant, seulement la moitié des 50 plus grandes de France a mis en place un plan biodiversité, selon l’Observatoire des villes vertes. Pour Jean-David Abel, « il s’agit d’un manque de conscience du lien important qui existe entre la présence de la nature et notre propre survie ». « Aujourd’hui, la biodiversité n’est qu’une variable d’ajustement au profit des considérations économiques », regrette l’expert. Ainsi, à son détriment, l’on privilégie les retombées financières de la construction de bâtis.
Une urbanisation effrénée qui constitue le principal obstacle au maintien des différentes espèces végétales et animales. À ce jour, les villes occupent 21,8 % du territoire d’après l’Insee, et grignotent les terres agricoles et naturelles, sans réimplanter la faune et la flore en contrepartie. « Il est impératif que les collectivités prennent en compte la biodiversité à chaque nouvel aménagement », estime le vice-président de France Nature Environnement.
La loi Solidarité renouvellement urbain (SRU) limite déjà, depuis 2000, la consommation d’espace et vise à préserver la biodiversité et les écosystèmes. Pourtant, « la quantité et la variété des espèces ne cessent de diminuer en ville », constate Jean-David Abel. Pour juguler la tendance, le plan de Nicolas Hulot prévoit d’arriver à zéro artificialisation nette en 2025 : lorsqu’un bâtiment sera érigé, le même espace de nature devra être créé. Mais il faudra attendre l’adoption de la loi en juillet prochain pour savoir si cette proposition sera conservée et contraignante.
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