Bienveillance. Comme chaque année, le monde associatif et médical toulousain s’organise pour permettre aux plus précaires et aux personnes isolées de passer des fêtes de fin d’année le plus dignement possible. Une solidarité qui s’inscrit dans l’esprit de Noël: le partage et la convivialité.
Par Kevin Figuier et Coralie Bombail
Les fêtes de Noël riment avec magie, féerie, repas de famille, cadeaux… Mais tout le monde n’a pas la chance de pouvoir profiter de cette période si particulière. Les précaires, les isolés, les malades hospitalisés, les prisonniers… Tous ceux qui pour une raison ou une autre se retrouvent en marge de la société sont un peu les oubliés de Noël. Malgré tout, la solidarité reste en marche à Toulouse. Le monde associatif est sur le pont, en cette fin d’année pour redonner le sourire et un peu d’espoir aux plus démunis notamment. À la Halte-Santé, établissement dépendant du CHU qui accueille ‘‘un public de rue’’, « un repas amélioré » sera servi le soir du réveillon de Noël, explique Guillaume qui travaille dans la structure. « C’est une période pas facile pour eux, Noël renvoie ces personnes à leur situation d’isolement », poursuit-il. Seule une personne parmi les seize résidents passera le réveillon avec ses proches. Avec l’association ‘‘Les Amis de la Halte-santé’’, la structure médicale a pu dégager des fonds pour que « l’équipe achète des cadeaux aux résidents, ce n’est pas grand-chose, un carnet avec un stylo ou encore une ceinture par exemple ». Le jour de Noël, un déjeuner spécial sera suivi d’animations, de jeux et de l’élaboration de gâteaux encadré par deux personnes de la Halte-santé. L’association Espoir, qui s’occupe essentiellement de l’hébergement d’urgence à Toulouse, s’est également mobilisée pour cette fin d’année. En coordonnant « un regroupement d’associations », elle a organisé un après-midi solidaire pour les enfants et leurs familles, dans un des halls du parc des expositions de Toulouse loué pour l’occasion.
« Noël renvoie les personnes qui sont à la rue à leur situation d’isolement »
Près de 420 personnes, dont quasiment 240 enfants se sont retrouvées le 16 décembre dernier. Après un temps où « les bénévoles ont pu fait les courses avec les familles », l’après-midi était entièrement consacré au divertissement. Au programme : concert, fabrication de gâteaux, spectacle de magie avec en apothéose l’apparition du père Noël qui a pu remettre ses cadeaux aux enfants. Le budget cadeaux est ponctionné sur la dotation globale que l’association perçoit annuellement. « On a négocié des prix avec Carrefour pour les cadeaux », explique Sébastien Lerat, l’un des responsables de l’association. Et certains n’ont pas hésité à apporter leurs « fonds propres » lors de cette journée festive. Autre public fragile, les personnes âgées isolées. Sur cette problématique, ‘‘Les petits frères des pauvres’’ sont particulièrement actifs. Depuis le 16 décembre, ils ont mené une vingtaine d’actions dans la région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon. Ce jeudi 24 décembre à midi, les équipes toulousaines vont se répartir sur trois restaurants pour célébrer Noël avec « près de 200 personnes accompagnées », indique Delphine Bataille, chargée de communication de l’association. Un autre repas est organisé le 25 à midi, et pour ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent se déplacer, « on leur propose de leur livrer un plateau repas de Noël, sur leur lieu de vie, ce peut être à leur domicile ou en maison de retraite », précise-t-elle. Des petits cadeaux sont offerts avec les plateaux ou lors du repas au restaurant. Le tout aux frais de l’association.
En dehors de ces actions bien ciblées, l’association L’Atelier idéal organise comme chaque année, à La Chapelle, ‘‘Le Noël des enfants perdus’’ « pour les gens qui sont à la rue, les familles précaires, les personnes seules, mais aussi ceux qui ne sont pas dans l’esprit de Noël actuel, qui est devenu un moment surfait et exagéré », explique un membre de l’association. La Chapelle se définit comme un lieu ‘‘d’expérimentation sociale, politique, et culturelle’’, autogéré par les membres de L’Atelier idéal, qui occupe le lieu. C’est dans cet esprit d’autogestion et de collaboration que se déroule le réveillon de Noël. À partir de 16h, les personnes qui sont intéressées peuvent venir aider à préparer la soirée, à décorer la salle. Pour le soir, « chacun amène ce qu’il veut, de la nourriture, des jeux, mais ce n’est pas obligé d’amener quelque chose », précise cet organisateur. L’évènement attire chaque année « environ 80 personnes », selon lui. Ce jeudi 24 au soir, trois ou quatre bénévoles passeront le réveillon avec les ‘‘enfants perdus’’. Un beau message de Noël.
Derrière les murs des prisons de Seysses et de Muret, Noël s’invite dans l’univers carcéral. Les détenus sont notamment autorisés à recevoir des colis de leurs familles. « C’est très important psychologiquement, car cette période est difficile à vivre pour les personnes incarcérées », témoigne Jacques Ferry, responsable de la section toulousaine de l’association nationale des visiteurs de prison (ANVP). Cette structure, en partenariat avec d’autres associations, prépare et distribue des colis de fin d’année « pour les détenus qui n’ont rien reçu de l’extérieur », précise-t-il. Sur les deux établissements carcéraux de la région toulousaine, près de 300 colis ont été distribués : « des produits festifs, des gâteaux, des chocolats, des cuisses de canard confites, des kits de papeterie… », détaille le visiteur de prison. Des petites attentions qui peuvent paraître anodine « mais auxquels ils sont très sensibles, cela montre qu’ils ne sont pas coupés du monde ». Une action particulièrement importante pour les détenus de longue peine (incarcérés au centre de rétention de Muret), « car on constate qu’au fil de temps, les liens avec l’extérieur se sont distendus. » Jacques Ferry considère sa mission comme « une assistance psychologique envers les détenus isolés, pour leur montrer qu’on ne les réduit pas aux actes qu’ils ont pu commettre ». Une action particulièrement nécessaire pour les fêtes de Noël, mais qui est menée tout au long de l’année, dans un seul objectif : « resocialiser les détenus ».
Pour près de 300 enfants, Noël se fêtera à l’hôpital cette année. À Purpan, l’Hôpital des enfants de Toulouse est mobilisé avec l’association ‘‘Hôpital sourire’’ pour essayer d’amener l’ambiance de Noël dans l’établissement. « Chaque année, on finance la décoration de Noël, pour instaurer un décor féérique à l’hôpital des enfants, mais aussi à la maternité », raconte Marie-Claude Sucre, présidente de l’association Hôpital sourire. Pendant les fêtes, goûters, spectacles, concerts, distributions de cadeaux (le 25 décembre et le jour de l’an) se succèdent pour égayer le quotidien des enfants hospitalisés. Cela représente « un budget conséquent » pour l’association, qui travaille tout au long de l’année en étroite collaboration avec le CHU de Toulouse, afin de proposer des activités adaptées aux besoins enfants.
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