Emily Lecourtois copréside le cluster toulousain Ma Sphère. Un regroupement d’acteurs de la filière “musiques actuelles” de la région, chargé d’accompagner les artistes. Pour elle, le fonctionnement coopératif et la mutualisation des outils de production sont les modèles de l’économie de demain.
« Capitaliser sur l’expérience de chacun, transcender les regards, démultiplier l’énergie collective », voilà comment Emily Lecourtois définit l’entrepreneuriat contemporain. Pour elle, le partage des compétences et des outils est la seule manière d’envisager la société de demain. D’ailleurs, elle-même a toujours travaillé de la sorte. Que ce soit il y a 10 ans, quand elle prend la direction de La Petite, pour soutenir les formes artistiques innovantes et plus particulièrement la musique électronique. Ou aujourd’hui, avec le cluster de musiques actuelles Ma Sphère, dont elle est coprésidente. Une structure installée au cœur du Metronum. Au centre du bâtiment, dans un patio moderne et épuré, Emily Lecourtois se raconte, précisant d’abord que le temps lui est compté. La multiplication des dossiers, des projets et des rencontres est pour elle une nécessité : « J’ai besoin de bouger, même d’évoluer, de me renouveler, d’expérimenter, de remettre à jour mes compétences… » Elle a d’ailleurs repris ses études il y a deux ans pour obtenir, à presque 40 ans, un Master 2 de direction de projets culturels.
« Je m’intéresse à la culture de manière générale, celle qui constitue notre identité, » précise-t-elle pour expliquer sa spécialisation. D’abord par goût mais aussi parce qu’elle souhaite s’épanouir professionnellement dans un environnement auquel elle peut donner du sens : « Je voulais transmettre. J’ai donc eu l’idée de devenir professeur, mais après avoir été surveillante dans l’éducation nationale, j’ai compris que cela ne me convenait pas. Trop rigide, trop hiérarchique ! J’ai finalement choisi de le faire à travers la culture, milieu plus malléable. » Mais pas n’importe comment. De façon collaborative bien sûr.
Et qui dit coopératif, dit souvent mutualisation des outils. « Pour moi, c’est l’avenir», lance Emily Lecourtois, même si dans le milieu artistique, cette tendance est parfois difficile à mettre en place : « Les artistes ont du mal à partager le matériel car ils ont tendance à croire que permettre l’accès à leurs outils de production créé de la concurrence, mais c’est le contraire. » Elle s’évertue ainsi à expliquer que l’union fait la force, que la mutualisation engendre un effet d’entraînement et non de compétition. Une certitude qui l’accompagne depuis longtemps. Elle, estime que toutes les entreprises seront amenées à travailler en mutualisant. « Un jour, nos enfants partageront leurs jouets, ils n’en seront plus les seuls propriétaires », se projette-t-elle. Cela permet notamment à des artistes d’avoir accès à du matériel qu’ils ne pourraient financer seuls. C’est l’idée de SMart France, une coopérative membre de Ma Sphère, pour laquelle Emily Lecourtois travaille également et qui déploie une nouvelle initiative : « Nous allons créer des lieux dédiés où ils pourront se partager des studios, des espaces de stockage, du matériel scénique, de production, d’enregistrement et de shooting photo. Cela existe déjà en Belgique et nous tentons de l’importer dans l’Hexagone. » Toulouse servira d’ailleurs de ville pilote pour ce projet, dès l’année prochaine. Emily Lecourtois y est sûrement pour quelque chose, elle qui s’est culturellement attachée à sa ville d’adoption.
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