Silence ! Face aux demandes des riverains et à un territoire particulièrement impacté par le bruit, Toulouse Métropole s’est engagée à créer un observatoire des nuisances sonores. En phase d’expérimentation, cette nouvelle structure vise à repenser la cité de demain en prenant en compte l’impact du bruit. En voici les contours.
Avoir une meilleure connaissance de l’environnement sonore pour mieux le maîtriser et adapter l’aménagement du territoire en conséquence, telle est l’ambition de l’observatoire des nuisances sonores. Il sera mis en place par Toulouse Métropole d’ici 2018. Des mesures acoustiques permanentes permettront d’établir une carte fiable des endroits bruyants, des sites avant et après de grands aménagements. Dans cette optique, Toulouse Métropole a fait appel à l’association Acoucité, pour l’accompagner. Créé en 1996 à Lyon, cet organisme aide les collectivités locales à se mettre en conformité avec les directives européennes « qui impose aux agglomérations de 100 000 habitants de concevoir une carte du bruit et de mettre en place un plan d’action pour lutter contre les nuisances sonores », explique Sébastien Carra, chargé de mission à Acoucité.
Ainsi, plusieurs outils permettent la résorption des points noirs : «La taxe sur les nuisances sonores aériennes qui peut financer l’isolation des habitations jusqu’à 80%, l’interposition d’écrans acoustiques autour des grandes infrastructures, la diminution de la vitesse sur la rocade, la protection des zones calmes (en dessous de 55 décibels NDLR) font partie des solutions… » Autant d’actions déjà réalisées à Toulouse, comme le confirme Hélène Costes-Dandurand, adjointe au maire, en charge de la pollution sonore, qui rajoute : « Sur les zones critiques, nous privilégions un bitume particulier qui atténue le bruit, nous évitons les “coussins berlinois” pour ralentir les voitures, nous avons même changé les avertisseurs de recul des bennes à ordure du centre-ville jugés trop bruyants… » L’élue invite également tous les services municipaux à prendre en considération la notion de nuisance sonore. Pour elle, « la transversalité est indispensable. Toute décision, quelle que soit sa nature, doit prendre en compte cette gêne acoustique. »
Pour aller plus loin et créer une ville épurée le plus possible de tous bruits gênants, Acoucité travaille avec des centres de recherche. L’organisme propose des innovations aux collectivités locales. Parmi ces dernières, le projet Hosanna : « Il s’agit d’écrans végétalisés intégrés au milieu urbain pour diminuer les nuisances sonores sur le domaine public. À Lyon, nous avons ainsi diminué les nuisances de 5 à 10 décibels » détaille Sébastien Carra. Un autre projet baptisé Harmonica a permis la mise en place d’une échelle du bruit de 0 à 10. Cette grille de lecture simplifiée permet aux pouvoirs publics de mieux appréhender la gestion de l’environnement sonore et d’être donc plus efficaces.
Imaginons alors une cité pour l’instant utopique. « Elle prendrait en compte l’ambiance sonore des travaux d’aménagement, elle multiplierait les zones calmes pour que chaque habitant y accède rapidement et protègerait bien plus les logements de leur environnement », idéalise Sébastien Carra. Bref, elle privilégierait un aménagement durable de son territoire. Mais l’ingénieur, pragmatique, rappelle que cela ne peut pas être fait du jour au lendemain : « ce qui est aujourd’hui réalisé à l’échelle d’un quartier ne peut pas encore l’être au niveau d’une grande ville. Cela n’est envisageable que dans plusieurs générations. »
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