Pour lutter contre le surpeuplement des logements, une solution pourtant vieille comme le monde est en train d’émerger : l’échange. Tandis que de plus en plus de bailleurs sociaux encouragent cette pratique via des bourses aux logements en ligne, une start-up a mis au point un logiciel permettant à ces derniers de gérer leur parc de manière plus efficace.
© AnafPour sortir d’une situation de surpeuplement, il suffit parfois de connaître ses voisins. C’est ce qui est arrivé à Sonia et Younes, alors qu’ils avaient effectué une demande de mutation depuis plus d’un an : « Nous avions besoin d’une pièce en plus pour que nos deux enfants aient chacun leur chambre. Et en discutant avec notre voisine de l’étage du dessus, nous nous sommes rendus compte qu’elle avait peur que sa retraite ne lui permette pas de continuer à payer le loyer de son appartement, trop grand pour elle », raconte Sonia. Les locataires décident alors d’aller ensemble proposer l’échange de logements à l’office HLM qui gère leur immeuble. Une transaction qui a fini par voir le jour après six mois d’attente.
Pour que cette pratique d’échange de logements sorte du simple cadre de la débrouille entre voisins et permette de véritablement fluidifier un parc social où la mobilité est encore trop faible, plusieurs bailleurs sociaux ont mis en place des bourses aux logements. Dans l’agglomération, Toulouse Métropole Habitat et Colomiers Habitat ont notamment adopté ce dispositif. « Le but est que les locataires puissent devenir acteurs de leur mobilité. Via une plateforme en ligne, ils déposent leur annonce, décrivent leur logement, expriment leurs souhaits et rentrent directement en contact entre eux. Le bailleur n’intervient qu’une fois que les locataires se sont accordés pour mettre en place le processus classique », détaille Florence Tastet, secrétaire générale d’Habitat Réuni, organisme qui regroupe une vingtaine de bailleurs en France.
« Colomiers Habitat est le premier membre de notre fédération à vraiment utiliser cette plateforme, que nous avons récemment mis à leur disposition. Une centaine d’annonces ont été déposées et quatre échanges de logements ont pu être effectués. Pour l’instant, c’est un outil à petite échelle mais tout le monde y trouve son compte », poursuit Florence Tastet, espérant qu’avec le temps, la capacité d’Habitat Réuni à proposer des annonces partout en France et provenant de différents offices HLM permettra de développer le phénomène.
Si les bailleurs sociaux commencent à imaginer les outils numériques comme des moyens d’endiguer le surpeuplement des logements, la start-up Lokalok leur a emboîté le pas depuis 2014. Le site permet à la fois aux locataires du parc privé de trouver eux-mêmes les futurs occupants de leur habitat afin de réduire leur préavis et à ceux du parc social de proposer un échange de logements sur l’ensemble du territoire. Un système d’algorithmes permettant en plus de faire coîncider les profils enregistrés. « Sur les 1,7 million de demandes de logements sociaux, un tiers provient de personnes déjà hébergées par ce biais. Or, que ce soit en raison du départ des enfants, de logements devenus trop durs à entretenir ou de retraites qui s’amenuisent, les personnes souhaitant trouver un logement mieux adapté sont plus nombreuses qu’on ne le pense », assure Larbi Hamouchi, cofondateur de Lokalok. Si la start-up compte déjà plus de 300 mises en relation, difficile de connaître le nombre final d’échanges. Car il se peut, malgré l’accord des locataires, que leurs bailleurs respectifs refusent la transaction. « C’est une situation très frustrante, mais la future loi Élan sur le logement devrait lever cette problématique en favorisant les échanges interbailleurs », précise Larbi Hamouchi.
En attendant les réformes, la jeune société a décidé d’aller encore plus loin dans son action pour la mobilité résidentielle. Lokalok a en effet développé Attrimob, un outil à destination des gestionnaires de parcs HLM pour anticiper les attributions et faire correspondre de manière la plus optimale possible l’offre et la demande. « C’est un logiciel qui permet d’analyser l’ensemble des demandes de locataires au sein d’un organisme et ainsi identifier les cas de sur et de sous-occupation des logements. Grâce à des algorithmes prédictifs, ils peuvent pratiquer ce que l’on appelle la mutation en cascade. Quand un logement devient vacant, il est possible de savoir immédiatement quels locataires peuvent l’occuper, de même pour celui alors libéré, etc. », poursuit l’entrepreneur. Ce logiciel est actuellement expérimenté par deux importants bailleurs sociaux à Toulouse et les premiers retours s’avèrent très concluants. Un outil de plus à disposition des acteurs du logement social pour fluidifier la mobilité, misant, qui plus est, sur des critères totalement transparents.
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