PARTAGE. Depuis bientôt deux ans, le Cabinet de Curiosité Féminine accueille les Toulousains. Plusieurs fois par mois, des rencontres se tiennent pour aborder ce dont on ne parle pas : le sexe. Des ateliers à thème qui permettent d’en apprendre plus mais aussi de faire mieux.
Par Marine Mugnier
« Il faut appeler un chat, un chat », lâche Capucine Moreau. Cette sexologue anime à Toulouse les ateliers du Cabinet de Curiosité Féminine, le CCF pour les intimes.L’occasion de parler de sexe sans détour. Le plaisir solitaire, le libertinage, l’orgasme féminin… « Il est parfois plus facile de parler à des inconnus, plutôt qu’à sa famille ou à ses amis », explique-t-elle. Les ateliers sont ouverts à tous, parfois réservés aux femmes. Une quinzaine de personnes, de tous les âges, inconnues ou non, se retrouve dans une pièce, assise en cercle.
Un petit apéro et un exercice de respiration plus tard, tout le monde est à l’aise, l’atelier peut commencer. L’animatrice prend la parole. Elle décortique d’abord le thème du jour dans une « partie théorique ». Sur le libertinage par exemple : « C’est quoi exactement, libertiner ? On fait comment ? On fait où ? Quid des lieux toulousains ? Faire ça seul ou en couple, entre amis peut-être ? Quels sont les codes de ce monde ? » Vient ensuite un temps de discussion et de partage d’expériences entre les participants et la sexologue. Un univers s’ouvre alors, rempli d’histoires en tout genre, venues d’horizons multiples.
Une consigne : ce temps de partage doit être un moment d’écoute bienveillante. Un mot d’ordre : « Tout ce qui se passe dans l’atelier doit rester dans l’atelier ». Aucunement besoin de faire étalage de sa vie sexuelle sur la place publique : ceux qui souhaitent se confier plus intimement sont redirigés vers un sexologue.
« On parle de sexe comme on parle d’un autre sujet »
Et les langues se délient : « On parle de sexe comme on parle d’un autre sujet », raconte-t-elle. Jean-Jacques, un homme donc, a participé à un rendez-vous du CCF sur le plaisir féminin. Il explique dans un sourire malicieux : « J’ai 45 ans, il était temps ! » Il assure ne pas être venu pour régler un quelconque problème mais plus par curiosité : « Ça ouvre l’esprit de savoir que les gens ont telle ou telle pratique, on a toujours à apprendre ».
Parfois, des ateliers féminins plus pratiques sont organisés : un peu comme un cours de gymnastique, les participantes allongées sur un tapis, suivent les gestes d’une animatrice, apprennent à se débloquer le bassin où même à se masser les seins. « Des rendez-vous sur le thème de la sexualité qui cassent les clichés en étant pratiques mais pas vulgaires », assure Capucine Moreau.
Et nombreuses sont les idées préconçues sur le sujet : la sexologue se méfie donc des croyances populaires. « Les femmes devraient par exemple être clitoridiennes, vaginales ou fontaines, mais il y a en réalité une variété immense de désir ».
Pour être heureux au lit, la clé serait donc d’aller avant tout à contre-courant de l’uniformisation de la société et écouter nos propres envies. À l’heure où des images sexuelles submergent notre quotidien, la jeune femme s’étonne que l’on ne parle pas plus simplement de sexe. Jean-Jacques confirme : « entre hommes, on n’en parle pas vraiment naturellement, ou surtout pour se vanter. » Ses visites au CCF le mettraient plus à l’aise pour discuter sexualité avec ses amis.
Il confie enfin qu’il serait sans doute encore marié s’il avait su communiquer aussi souvent et aussi librement sur ce thème parfois douloureux. Aujourd’hui, il amène donc sa nouvelle compagne aux ateliers : « c’est plus facile d’en parler quand c’est inscrit à l’agenda ». Et Capucine Moreau de conclure, « nous donnons les bons ingrédients, mais pas la recette ».
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