FLORAISON. Difficile d’en être convaincu, mais officiellement, nous sommes bien au printemps. Les allergiques aux pollens, eux, ont certainement déjà constaté les dégâts tant le phénomène a tendance à s’étaler tout au long de l’année. Le bon vieux rhume des foins, longtemps considéré avec légèreté comme une petite maladie saisonnière et sous-estimé par les allergiques eux-même, s’est mué en problème de santé publique touchant de plus en plus de personnes. Si la désensibilisation est le seul traitement curatif à ce jour, le JT a exploré les pistes préventives pour respirer sans risques. Au bouleau !
© DRDans la plupart des cas, les allergies ne dépassent pas le cadre de la gêne passagère. Mais si depuis plusieurs années, les allergologues tirent la sonnette d’alarme, c’est que l’ampleur du phénomène a tendance à exploser. « C’est une maladie certes bénigne, mais qui peut s’avérer très invalidante. En outre, les périodes d’exposition s’étendent de plus en plus, prolongeant ainsi la durée des symptômes », explique Jean-Luc Fauquert, président du conseil scientifique de la Société française d’allergologie. Aujourd’hui, 30 % des Français seraient sujets à des allergies polliniques. Une proportion deux fois plus importante qu’il y a trente ans et qui devrait encore augmenter. L’Organisation mondiale de la santé estime que l’allergie est la quatrième maladie chronique la plus répandue à l’échelle mondiale, après le cancer, les maladies cardio-vasculaires et le sida et que la moitié de la population sera affectée par au moins une maladie allergique en 2050.
Si le volume des différents types de pollens allergisants (de graminées, d’arbres et d’herbacées) peut varier d’une année sur l’autre, leur fréquence augmente quelles que soient les régions, avec une tendance à la précocité. « On parle depuis longtemps de maladie saisonnière. Mais, en réalité, les conditions actuelles font que les risques sont présents quasiment sur l’ensemble de l’année », assure l’allergologue. Une libération accrue des pollens générée par des facteurs environnementaux. Ainsi, sous l’effet du réchauffement climatique, la saison des pollens débute plus tôt, dès la fin de l’hiver, et finit plus tard. De même, la répartition des végétaux ne cesse d’évoluer. Certaines espèces très allergisantes comme l’olivier, le bouleau ou le cyprès remontent vers le Nord. C’est également le cas de l’ambroisie, plante particulièrement agressive qui commence à apparaître dans certaines régions où elle était jusqu’à présent absente. « Parmi les causes environnementales, il y a aussi bien sûr la pollution et notamment les particules de diesel qui, par exemple, multiplient par dix l’allergénicité du bouleau », développe Jean-Luc Fauquert. Ce cocktail de pollution atmosphérique et de hausse des températures a un effet de stress sur la plante qui se met à produire davantage de pollens.
Enfin, en raison d’un mode de vie plus aseptisé, nous sommes moins exposés aux bactéries pendant les premières années de notre enfance et notre système immunitaire devient donc plus sensible à certaines substances. Mais ce qui préoccupe surtout le médecin, c’est la multiplication et le croisement des sources allergéniques : « Aujourd’hui, la grande majorité des personnes qui sont allergiques au pollen sont susceptibles d’être aussi allergiques aux acariens, à la moisissure ou aux poils d’animaux. Ce n’était pas le cas avant. De même, le nombre d’affections sévères ne cesse d’augmenter avec des réactions de type anaphylactiques. Cela pourrait devenir inquiétant si rien n’est fait pour mieux prendre en compte le phénomène dans son ensemble. »
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