Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui se plaignent et ceux qui agissent. Les pessimistes et les optimistes. Mais parfois, les meilleures volontés peuvent être découragées devant l’ampleur de la tâche. Pourtant la somme de petits gestes en apparence dérisoires peut s’avérer décisive. Alimentation, chauffage, mobilité, finance, politique… Le JT se fait l’écho logique de ces habitudes exemplaires.
Nous vivons dans un monde où les 1% les plus riches ont profité deux fois plus de la croissance des revenus que les 50% les plus pauvres au cours des dernières décennies, selon World Wealth and Income Database, base de données sur le patrimoine et le revenu. Un monde où la démocratie s’écroule, la dernière édition du baromètre de “The Economist” enregistrant « le pire recul depuis des années ». Un monde où l’urgence climatique est absolue et les matières premières de plus en plus rares : quel que soit le scénario envisagé, la consommation de ressources des pays développés devra être divisée par deux à cinq d’ici 30 à 50 ans selon le Programme des nations unies pour le développement.
« Mieux vaut les incitations que les punitions »
« La volonté de faire des efforts est très différente selon les nations. Le pire exemple étant celui des États-Unis, dont Georges Bush disait en 1992 que leur mode de vie n’était pas négociable », note Julien Damon, sociologue et professeur associé à Sciences-Po Paris. Pour autant, la nécessité de changer nos comportements individuels ne fait plus guère de doute.
AMAP, circuits courts, économie collaborative ou autopartage… Chez les citoyens, le changement est déjà à l’œuvre : « Bien plus qu’il y a dix ou quinze ans, les Français estiment qu’un petit geste peut réellement peser sur le cours des choses », constate l’enseignant. Et bien qu’il existe un rapport de un à cent entre le bilan carbone d’une entreprise industrielle et celui d’un individu, « tout geste de ce dernier, qui peut sembler lilliputien, est en réalité très fort en symbole », explique Julien Damon, citant en exemple la paille en plastique : « S’en passer ne va pas sauver la planète mais cela enclenchera une dynamique vertueuse qui peut se propager. »
« Le pire recul démocratique depuis des années »
Selon lui, les nouvelles générations changeront davantage le monde que ne l’ont fait les précédentes : « Dans les collèges, dans les lycées et dans les universités, les jeunes n’ont pas du tout la même appréciation de l’avenir que leurs aînés. Certains étudiants ne veulent plus travailler dans telle ou telle entreprise, parce qu’elle pollue ou qu’elle bafoue les droits de l’homme. Ils sont souvent diplômés de grandes écoles, ce qui est un signe fort de la pénétration de ces idées dans les plus hautes sphères. »
Pour amplifier le mouvement, l’Etat dispose d’un levier fiscal, qui se révèle bien plus efficace lorsqu’il s’agit de subventionner des panneaux photovoltaïques que d’augmenter les taxes sur le carburant : « Mieux vaut les incitations que les punitions. Les gens n’agissent pas seulement pour le bien de la planète ou des autres, ils le font aussi parce que c’est bien pour eux », traduit le sociologue. Il rappelle toutefois que cet engagement environnementale et citoyens des habitants des pays riches s’oppose diamétralement au besoin de consommation de ceux des pays pauvres : « Nous parlons là de centaines de millions de personnes à qui nous ne pourrons pas interdire ce que nous nous sommes permis pendant des décennies » , conclut Julien Damon.
© Le Journal Toulousain
Sources : Le gâchis des talents en France – Occurrence 2016 pour Ticket for change / Modes de vie et pratiques environnementales des Français – Commissariat général au développement durable 2018 / Représentation de l’engagement citoyen et de l’appartenance républicaine – Harris Interactive 2015
Commentaires