La nécessité de s’occuper d’un être cher vous tombe dessus sans crier gare. Un enfant lourdement handicapé, un conjoint grabataire ou un proche devenu incapable de se prendre en charge… 7jours/7, 24heures/24, le rôle trop peu reconnu des aidants familiaux peut facilement s’apparenter à un chemin de croix. Afin d’améliorer leur situation, le Sénat examine le 25 octobre une proposition de loi visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants. En attendant, le JT s’est mis en quête des solutions qui simplifient leur quotidien.
Plus de 11 millions de Français sont aujourd’hui considérés comme aidants. Parmi eux, 63 % ne savent pas qu’ils appartiennent à cette catégorie selon le dernier baromètre de l’Institut BVA sur le sujet. Et pour cause, la définition reste plutôt large. Selon la loi du 28 décembre 2015, un aidant est celui qui assiste, “de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne » une personne malade, dépendante ou handicapée. Cela concerne plus de deux Français sur dix. Et ce chiffre est amené à augmenter. « Ils seront 17 millions en 2020. C’est un sujet de société majeur », anticipe Fabienne Ernoult, déléguée générale de la Fondation April, à l’initiative de l’enquête.
« C’est un sujet de société majeur »
Plusieurs facteurs sont en cause. Les baby-boomers, nés au lendemain de la Seconde guerre mondiale, arrivent à un âge avancé. « Or l’on sait que 30 % des plus de 85 ans sont en perte d’autonomie », note Serge Guérin, sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement. À ceci s’ajoute l’allongement de la durée de vie des personnes handicapées ou atteintes d’une maladie chronique comme le diabète, le cancer, la sclérose… « Elles vivent désormais plus longtemps, ce qui entraîne une prise en charge plus longue. Sans oublier le fait qu’elles sont de plus en plus nombreuses, victimes des perturbateurs endocriniens, de la pollution… », observe-t-il.
Pour prendre soin de ces personnes dépendantes, les aidants doivent se libérer du temps : moins de cinq heures par semaine pour 38 % d’entre eux et plus de 40 heures pour près de 10 %. « Cet investissement est reconnu depuis la loi d’adaptation de la société au vieillissement (2015), mais aucun statut juridique n’est acté. Jusqu’ici, nul besoin d’éclaircir leur situation, « car il était naturel de prendre en charge les siens. Les femmes ne travaillant pas dans leur grande majorité, c’est elles qui s’acquittaient de cette tâche », précise Serge Guérin. Mais la société évolue et les choses paraissent moins évidentes. D’abord parce que plusieurs générations ne vivent plus sous le même toit, et parce que les femmes ont maintenant une activité professionnelle dans la plupart des cas. Pour autant, elles représentent encore près de 60 % des aidants.
« 5 millions de salariés aident un enfant, un conjoint, un parent ou un proche »
À ce jour, « plus de 5 millions de salariés aident un enfant, un conjoint, un parent ou un proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie. Ces situations sont difficiles et fatigantes à vivre », déclarait Muriel Pénicaud, ministre du Travail, lors de la remise des prix Entreprise & salariés aidants en octobre 2017. Car cet investissement les conduit souvent à aménager leurs horaires de travail, voire à quitter totalement leur emploi. C’est l’un des impacts subis par les aidants. L’état de santé en est un autre : pour 38 % d’entre eux, c’est l’un des effets négatifs dûs à leur situation. S’en suivent une perte de vie sociale (24 %) et une dégradation de leur situation financière (15 %) selon l’enquête BVA.
Autant de sacrifices qui poussent les aidants à demander une reconnaissance de leur statut, notamment pour ceux qui gardent une activité professionnelle en parallèle. Une proposition de loi, examinée le 25 octobre au Sénat, promet l’amélioration de leur situation, par exemple par la mise en place d’une indemnisation journalière versée par l’employeur. Celle-ci serait financée par une surprime sur certains contrats d’assurance.
Sources : Baromètre BVA pour la Fondation April / images : Freepik
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