Malgré une activité en réanimation qui a atteint 130 % de son taux habituel, le CHU de Toulouse a bien encaissé la première vague de l’épidémie de Covid-19. Avec 400 lits dédiés et des capacités doublées dans certaines unités, le personnel soignant restera mobilisé tout l’été pour accompagner le déconfinement.
Le CHU de Toulouse fait face à l’épidémie de Covid-19 © Laura Benmeradi (Archives – JT)« L’activité liée au Covid-19 continue de décroître lentement mais de façon certaine », observe Marc Penaud, le directeur du CHU de Toulouse. Actuellement, 70 patients sont hospitalisés pour des formes graves de Covid-19, contre une centaine la semaine dernière. « Les patients qui sont admis ont autour de 55 ou 60 ans, et sont des personnes qui ont respecté le confinement. Deux tiers de ceux qui sont pris en charge dans une situation critique sont en surpoids, avec un Indice de masse corporel (IMC) supérieur à 25 », précise-t-il. Profitant du plateau descendant de la courbe épidémique, le CHU de Toulouse a décidé de réaffecter un certain nombre d’unités à leur mission d’origine afin d’accueillir à nouveau plus de patients non-covid.
Au total, près de 400 lits ont été équipés en urgence pour accueillir des patients atteints du virus et ceux en réanimation avaient été préventivement doublés, passant de 80 à 195. En ajoutant les patients admis pour d’autres motifs, 109 personnes sont actuellement soignés en réanimation. Soit 130 % de la capacité en temps normal mais loin de la saturation dans la nouvelle organisation. « Les seuils n’ont jamais été atteints et à aucun moment le CHU n’a manqué de lits », se félicite le directeur du CHU.
Pour faire face à la pandémie, le CHU de Toulouse a également développé de nouveaux outils, tels que des applications de suivi médical ou des téléconsultations, permettant de mettre en œuvre une médecine à distance. Depuis le début du confinement, les médecins généralistes de l’hôpital réalisent près de 4 000 téléconsultations par semaine. Une pratique peu répandue jusqu’à présent, que Marc Penaud souhaite pérenniser dans le futur. « Quand on peut éviter de faire se déplacer un patient, c’est toujours mieux. C’est utile en période d’épidémie, cela le sera également après. Nous devons apprendre à travailler et soigner de manière différente, avec l’aide de ces technologies et en développant les filières de soins ambulatoires », détaille le directeur du CHU.
Une manière pour lui de développer un système de santé « beaucoup plus intégré » et dans lequel la prévention et le suivi viennent compléter la prise en charge par le professionnel de santé. « Finalement, l’aventure Covid a accéléré la mise en œuvre d’une organisation que nous souhaitions depuis des années », ajoute-t-il.
Quel sera l’impact du déconfinement ? Y aura-t-il une seconde vague épidémique et de quelle ampleur ? Autant de questions sans réponses catégoriques que se posent les professionnels de santé. « Dans la région, nous avons été relativement peu touchés par le virus. De ce fait, il y a nécessairement plus de patients vulnérables à une seconde vague. Comme partout en France, nous sommes très loin des niveaux protecteurs d’immunité collective », rappelle Marc Penaud. Face à la probabilité d’un rebond, ses équipes restent totalement mobilisées.
« Le matériel exceptionnellement déployé restera en place tout l’été. Nous nous préparons à un marathon », assure-t-il, avant de rappeler le rôle de chacun dans la lutte contre le virus. « Un déconfinement large et brutal impliquerait un rebond. Les gens doivent se rendre compte que ce sera un processus très long et progressif qui pourra durer des mois. Et, après cela, les choses ne seront plus jamais comme avant. Désormais, au moindre nez qui coule, les gens mettrons un masque pour aller travailler. Et cela pendant encore des décennies », prévoit Marc Penaud.
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