Ping-pong. Un contrat douteux, des explications floues et des souvenirs vagues, il n’en fallait pas moins pour rendre la vente de la station-service, située route de Toulouse à Cugnaux, suspecte.
Comme nous l’avions évoqué dans notre numéro daté du 17 septembre dernier, l’achat de la station-service de Cugnaux par la Communauté urbaine du Grand Toulouse (2010) crée quelques malaises dans la nouvelle équipe de Toulouse Métropole. Outre une clause « bizarre » comme la qualifie Michel Aujoulat, vice-président de la Communauté d’agglomération et premier adjoint au maire de Cugnaux, qui prévoit la prise en charge de la dépollution des sols (1 millions d’euros) par Toulouse Métropole sans recours possible vis-à-vis du vendeur, il s’agit d’en trouver le commanditaire. Lui, met en cause l’ancienne majorité (voir article « Une station-service qui met le feu aux poudres » JT 655), menée par Pierre Cohen mais ce dernier assure ne pas se souvenir de ce dossier et l’avoir confié à Alain Fillola, alors en charge de l’aménagement du territoire au Grand Toulouse. Mais lui-même nous disait ne pas se rappeler avoir signé ce dossier… pourtant, c’est bien ses initiales qui figurent au bas du contrat. Selon toute logique, les services de l’urbanisme ont également dû avoir connaissance de cette transaction et travailler sur le dossier.
En 2010, date des faits, c’est Daniel Benyahia, vice-président du Grand Toulouse, qui avait la charge de l’urbanisme et dont les souvenirs semblent aussi vagues. Une amnésie collective semble s’être emparée des anciens élus de la Communauté urbaine. Toutefois, Daniel Benyahia, qui s’est en peu renseigné entre temps, explique : « c’est au titre de l’aménagement du territoire que cet achat a été effectué », autrement dit ce sont les services d’Alain Fillola qui auraient géré le dossier.
« C’est sûr, il y a un truc tordu quelque part mais quoi ? Et par qui ? Je ne me l’explique pas ! »
A toi, à moi, tous se renvoient donc la balle et personne n’a la moindre explication à donner, hormis celle, unanime d’une erreur des services techniques. Mais cette erreur aurait-elle pu être volontaire ? C’est là toute la question. Certains évoquent une demande de Philippe Guérin, alors maire de Cugnaux. Ce dernier s’en défend et expliquait même « ne jamais être intervenu dans ce dossier qui se négociait entre un particulier et le Grand Toulouse. » Seulement, les anciens élus attestent tous que Philippe Guérin était bel et bien au courant et que « rien n’était jamais acheté sur une commune sans que le maire ne soit concerté. Question de courtoisie. Il était donc parfaitement au courant de la situation », précise Daniel Benyahia. « Ah, peut-être, je ne me souviens pas. En tout cas, je n’ai rien signé, j’ai vérifié », répond Philippe Guérin.
Alors « c’est sûr, il y a un truc tordu quelque part mais quoi ? Et par qui ? Je ne me l’explique pas ! » confie Daniel Benyahia, qui lui aussi émet clairement l’hypothèse d’une « possible consigne d’un élu. Car cette fameuse clause qui renonce à un quelconque recours contre le vendeur n’était pas dans nos habitudes ! » Il y aurait donc peut-être un ou des coupables mais une chose est sûre, il y aura des responsables, ce que Pierre Cohen, ancien président du Grand Toulouse, semble prêt à assumer.
Phrase exergue : « C’est sûr, il y a un truc tordu quelque part ! »
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