EFFECTIFS. C’est l’une des mesures phares du début de l’ère Macron. Des classes de CP à 12 élèves dans le réseau d’éducation prioritaire REP+ à la rentrée 2017. Mais pour y parvenir, les écoles nécessitent plus d’instituteurs et de salles de classe. 18 établissements sont concernés à Toulouse.
Par Maylis Jean-Préau
« Lire, écrire, compter et respecter autrui. Tous les enfants doivent sortir de CP avec ces compétences », affirmait en juin dernier le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, en annonçant la mise en place de classes de 12 élèves en CP dans le réseau d’éducation prioritaire. Dans les faits, la création de ces classes à 12 revient à dédoubler celles de 24 élèves existantes jusqu’alors. Ainsi, à Toulouse, au lieu d’une trentaine de classes de CP, 66 ouvriront à la rentrée pour 830 écoliers.
Or, les écoles toulousaines ne sont pas extensibles à l’infini. « Au niveau technique, elles ont réussi tant bien que mal à trouver de l’espace pour ouvrir ces classes supplémentaires en septembre », précise Jean-Philippe Gadier, le cosecrétaire départemental du syndicat SNUIPP-FSU 31. « Mais elles sont au maximum de leurs capacités : comment cela va-t-il se passer l’année prochaine avec le dédoublement prévu dans les classes de CE1 ? »
Selon l’Académie de Toulouse, pour cette rentrée, seule l’école Didier Daurat, pour des raisons logistiques, passera à des CP de 17 élèves. Les trois classes bénéficieront d’un instituteur supplémentaire intervenant par petits groupes. De son côté, la mairie assure avoir fait le nécessaire pour réorganiser les écoles d’un point de vue matériel.
« Les écoles sont au maximum de leurs capacités : comment cela va-t-il se passer l’année prochaine avec le dédoublement des classes prévu en CE1 ? »
Pour en avoir le cœur net, direction l’école élémentaire Elsa Triolet à la Reynerie. « Nous avons pu trouver assez de locaux pour les trois classes de CP, car il y a eu la fermeture d’une classe d’une autre section », explique l’instituteur Jean-Christophe Salles. Dans la cour de l’école, trois préfabriqués rétrécissent l’espace de récréation. La salle des maîtres est réduite à peau de chagrin. À l’origine, l’école a été construite pour quatre classes. Or, il y en avait déjà sept l’an dernier. « On a dû annexer la salle d’informatique, une classe est dans un préfabriqué… L’année prochaine, qui sait si l’on ne va pas nous demander de prendre le local de la bibliothèque ? », s’interroge Jean-Christophe Salles. « Bien sûr, c’est une bonne chose de réduire le nombre d’élèves par classe, mais il faut mettre les moyens suffisants pour accompagner la mesure ! »
Et en ce qui concerne les moyens mis sur la table, justement, la profession grince des dents. « Le gouvernement donne l’impression de faire une grande réforme, mais il déplace seulement des moyens existants », rage Jean-Philippe Gadier. Car, pour alimenter les CP à 12, l’Académie a réquisitionné 22,5 postes auparavant affectés au dispositif “Plus de maîtres que de classes”. Ces instituteurs supplémentaires prenaient des petits groupes d’élèves du cycle 2 pour travailler spécifiquement sur la lecture, la compréhension… « “Plus de maîtres que de classes” existe depuis 35 ans dans le département. Sa disparition serait nuisible, car le dispositif fonctionne très bien », témoigne Jean-Christophe Salles. Des alternatives sont envisagées : « S’il n’y a pas de moyens supplémentaires apportés pour permettre des aménagements pérennes dans les écoles, la seule solution matériellement possible serait d’avoir deux maîtres dans une même classe de 24 élèves », propose Elsa, institutrice de CP dans le sud toulousain.
Exergue : « Les écoles sont au maximum de leurs capacités : comment cela va-t-il se passer l’année prochaine avec le dédoublement des classes prévu en CE1 ? »
Maylis Jean-Préau
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