Chaque semaine, deux personnalités s’affrontent dans nos colonnes sur une question donnée. En l’occurrence : Pour ou contre l’ouverture des commerces le dimanche ?
Daniel Benyahia, dirigeant de la boutique Orly, place Wilson
« Je suis contre. La consommation augmentera-t-elle ? Non. Les achats par ménage n’augmenteront pas (personne ne peut acheter plus que ses besoins). Les opportunités d’emploi ne seront pas durables. Vers un changement de société ? Une course sans fin sera engagée pour un dimanche qui ne sera pas différencié des jours de la semaine ; d’autres exigences apparaîtront : ouverture des services, des banques, des administrations, etc. A qui profitera cette mesure ? Aux gros distributeurs qui, compte tenu de leurs marges, peuvent supporter le coût du travail le dimanche. Les commerçants indépendants et les salariés rameront pour supporter cette nouvelle forme de concurrence en sacrifiant leur vie sociale et familiale. Et le développement durable ? Les flux automobiles seront multipliés et la consommation d’énergie augmentera. Alors ? L’exemple de la Haute-Garonne peut servir de modèle : négociation entre syndicats salariés et patronaux avec le concours des Chambres de Commerce dans le cadre des départements. Seraient ainsi préservés l’équilibre entre toutes les formes de commerce, entre les zones rurales et urbaines, la respiration nécessaire des villes, l’intérêt des salariés, des consommateurs. Il serait sain que sur le plan du droit social les conventions collectives soient harmonisées. Essentiel : la règlementation doit être lisible et comprise. »
Elisabeth Pouchelon, conseillère régionale Midi-Pyrénées (UMP)
« Nous souffrons cruellement de freins à la croissance. L’interdiction d’ouverture des commerces le dimanche en fait partie. La frontière entre dimanche et jour de semaine est de moins en moins étanche. La réglementation est incompréhensible et source de conflits. Pourtant il existe bien un besoin de consommer le dimanche. Les achats que les touristes auraient pu faire sont définitivement perdus au profit des pays voisins. Le e-commerce fonctionne 24h/24 7 jours/7. Faut-il interdire Amazon d’ouvrir son site le dimanche ? Le taux de chômage actuel n’autorise pas ceux qui ont un emploi d’empêcher ceux qui en ont besoin de travailler le dimanche. C’est une injustice surtout vis-à-vis des jeunes, des chômeurs et des travailleurs précaires, alors que le travail le dimanche est en général payé plus cher. Lever l’interdiction ne veut pas dire que tous les commerces seront ouverts le dimanche, il n’y a là aucune obligation. Laissons les commerçants, leurs salariés et leurs clients choisir ensemble s’ils y ont intérêt ou non et à quelles conditions. Le Conseil d’analyse économique en 2007 explique qu’empêcher le travail du dimanche, c’est renoncer à 100 000 emplois. N’est-ce pas la priorité ! »
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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