C’est un phénomène de société. Les sites de production d’énergie renouvelable initiés par des citoyens se multiplient partout en France et particulièrement en Occitanie. Illustration à Labège, près de Toulouse, où un groupe de retraités est devenu une coopérative de plus de 160 associés.
Le toit de l’école maternelle de Labège est en partie recouvert de panneaux photovoltaïques. L’installation, d’une soixantaine de mètres carrés, peut générer jusqu’à 9 kilowatts par heure, presque l’équivalent de la consommation d’un foyer. Sa particularité est d’avoir été initiée et cofinancée par des habitants de la ville et de ses environs, réunis au sein d’Initiative citoyenne pour une énergie alternative (Icea). Ils comptent désormais sept sites de production dans le Sud-Est toulousain, tous arrimés sur les toits de bâtiments publics : « La collectivité y applique des loyers modérés et c’est une façon de mobiliser les élus pour essaimer ensuite », commence Jean-Paul Gardette, le président d’Icea.
Comme son homologue toulousaine Citoy’Enr, Icea est une coopérative dont la majorité des bénéfices (quand il y en aura) seront par conséquent réinvestis, éventuellement dans de nouveaux projets. « Le but n’est pas de gagner de l’argent mais de s’agrandir », résume Jean-Paul Gardette. Pour cela, le président pourra notamment compter sur le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui, outre une avance de trésorerie pouvant atteindre 50 000 euros, assure les études de faisabilité en amont du programme.
Une fois que celui-ci est lancé, le Conseil régional abonde alors d’un euro pour tout euro investi par les citoyens. « Ce soutien s’explique bien sûr par sa volonté de devenir la première région à énergie positive à l’horizon 2050. Mais également parce que ce modèle de développement entraîne de nombreuses retombées économiques locales, contrairement à ceux des grands fournisseurs. Et qu’il est aussi bien mieux accepté par la population, car il ne s’agit ni d’éolien, ni de nucléaire », confie Jérôme Llobet, coordinateur du pôle territoire durable de l’Ademe en Occitanie.
« Ce modèle entraîne de nombreuses retombées économiques locales »
L’électricité générée par Icea est pour l’instant rachetée par EDF à un tarif préférentiel régulé. Avant qu’elle le soit, à terme, par Enercoop, une coopérative de distribution d’énergie verte qui accompagne de nombreux projets citoyens : « Il ne cesse de s’en élaborer de nouveaux, c’est un véritable bouillonnement », s’enthousiasme Lucien Blanc, chargé de la production et de l’autoconsommation chez le fournisseur alternatif. Reste à trouver le moyen de créer des emplois au sein de ces entreprises fonctionnant pour l’instant sur la base du bénévolat : « Il faudrait qu’elles atteignent une capacité de l’ordre d’un mégawatt par heure pour pouvoir embaucher quelqu’un. Et elles en sont encore loin », fait remarquer Johann Vacandare, animateur d’Énergies citoyennes locales et renouvelables (ECLR), la structure régionale qui s’efforce de tisser des liens entre toutes les autres.
La production de l’ensemble des projets citoyens participatifs d’énergie renouvelable en Occitanie s’élevait en 2017 à un peu plus de 10 gigawatts-heure, l’équivalent de la consommation de 3 430 foyers, hors chauffage : « Ce n’est encore qu’une goutte d’eau, mais le mouvement commence à peine à se structurer. Et à mailler la totalité des territoires, jusqu’aux plus reculés. On compte déjà au minimum deux projets dans chaque département occitan », se réjouit Johann Vacandare.
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