Inauguré le 20 juin dernier, le plus gros projet d’habitat participatif de France se trouve à Toulouse, dans le quartier de la Cartoucherie. Comment vivent les résidents de cet îlot de quatre immeubles ? Reportage.
L’ensemble d’immeubles ‘’Aux 4 Vents’’ est toujours ouvert aux habitants du quartier. Alors que les premiers occupants sont entrés dans les lieux en janvier, les accès à la cour intérieure ne sont pas encore verrouillés. Sur les vitres des salles communes, on peut voir des photos, symboles de la diversité (36 nationalités différentes) des 152 personnes qui résident dans les 89 logements. Si chacun reste chez soi, de nombreux espaces communautaires ont été aménagés. Atelier créatif ou de bricolage, buanderie, salle de répétition pour les musiciens, cuisine partagée pour les repas de groupes… Tout est pensé pour favoriser les échanges et mutualiser les ressources. Une salle commune de 130 m2 est également ouverte au public.
Géré par le Groupe des Chalets et porté par les associations Aux 4 Vents Toulouse et Abricoop (ex-La Jeune Pousse), ce projet d’habitat participatif se compose d’accession sociale à la propriété, de logements classiques et d’habitat social. Dans le dernier immeuble, occupé depuis mars, la démarche est encore différente puisque les résidents se sont constitués en coopérative. « J’y suis entré pour sortir du carcan de l’immobilier traditionnel et de la propriété privée. Il y a aussi un côté écolo parce que je suis favorable à une ville dense avec des constructions hautes », explique Ludovic, qui occupe un appartement avec sa femme et ses trois enfants.
Dans la pièce commune de ce bâtiment, journaux et livres sont accessibles à tous. Un tableau récapitule les tâches à effectuer en cours d’exécution. À chacun de s’en charger en fonction de ses capacités et de son temps. Au mur, un calendrier des matchs de la Coupe du monde de football rappelle qu’un écran est à disposition pour les soirées foot ou ciné. On peut même profiter de la tireuse à bière. Trois chambres d’amis accueillent les visiteurs de passage au sein de l’immeuble.
« Pour les gens qui aiment le contact, c’est sensationnel », assure Tess, ancienne agricultrice à la retraite qui cherchait un modèle participatif depuis longtemps. Françoise, qui a « toujours voulu vivre en communauté », certifie en riant que c’est même « mieux que ce [qu’elle] imaginai[t] ». « Ce sont les valeurs de solidarité, de démocratie, d’écologie, de partage qui m’ont attiré », explique de son côté Sylvain, ancien ingénieur aéronautique en reconversion dans l’économie sociale et solidaire. T
out nouveau, tout beau, aurait-on tendance à penser. Pourtant, personne ne craint l’avenir. « Pour beaucoup, on se connaît depuis longtemps au sein de l’association La Jeune Pousse. Notre immeuble est un peu différent mais je trouve cela sain que tout le monde n’aille pas dans le même sens. Il y a un fonctionnement interne, on expérimente beaucoup », rétorque Ludovic.
Pour les membres de la coopérative, une réunion par semaine permet d’échanger sur tous les sujets. Et tous les mois, l’ensemble des occupants des 4 Vents sont conviés à partager leurs idées en plus de commissions spécifiques sur des points précis. « La question de la cohabitation avec les autres immeubles se posait. Au final, ils sont porteurs de plein de propositions et parfois plus impliqués que nous », reconnaît Sylvain.
Paul Périé
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