ANATOMIE. À pied, en voiture ou par n’importe quel moyen de transport, se balader chemin de Lanusse ou rue de la Verge d’Or est une expérience qui prête toujours à sourire. Autant de noms qui ne sont bien sûr pas les témoins d’un passé libertin de Toulouse, mais qui participent au charme de la ville.
Sié / JTAvec un peu d’humour, l’Office du tourisme pourrait ajouter à son catalogue une visite coquine de Toulouse. Un city-tour qui démarrerait par le tortueux chemin de Lanusse bien situé dans le quartier coupable des Trois Cocus. Et se poursuivrait par des détours du côté du chemin de la Levrette, la rue du Fourtou, la rue Monplaisir, ou encore l’allée des Soupirs pour finir rue de la Verge d’Or, non loin de la Basilique Saint-Sernin, histoire de se laver de ses pêchés. À deux pas de cette dernière, un groupe de lycéens connaît bien la rue au nom fleuri. « On y passe tout le temps, c’est marrant, mais je me suis toujours dit que je n’aimerais pas habiter là. Tu imagines pour remplir tes papiers administratifs ou quand on te demande où tu habites ?! », lance Lydia, qui n’a en revanche aucune idée de l’origine d’une telle appellation.
Certes, il est parfois difficile de retrouver les premières traces de ces rues singulières. Il n’est évidemment pas question de parties intimes de l’anatomie, de positions du kamasutra ou de maris trompés – bien que trois pour tout un quartier paraît un score raisonnable. Bien loin de nos pensées contemporaines mal placées, ces noms sont souvent le fruit de mélanges linguistiques et de jolies déformations à travers le temps.
Passons sur le chemin de Lanusse qui évoque tout simplement François de Lanusse, un Capitoul qui possédait des terres à Croix-Daurade au XVIIe siècle.
Le cas de la Verge-d’Or est plus énigmatique. Selon le Dictionnaire des rues de Toulouse, rédigé par Pierre Salies, historien décédé en 2002, Verge d’Or serait un ancien nom de terroir, connu dès le XVe siècle. Autre piste, d’ordre botanique cette fois, la verge d’or serait le nom familier d’une plante aux nombreuses vertus médicales, le solidago, qui auraient poussé dans les cours d’immeubles de la rue ou dans le jardin d’Embarthe à proximité.
Quant au quartier des Trois Cocus, l’histoire est plus connue. À l’époque napoléonienne, le quartier était surnommé « Tres Cocuts » en occitan, (« Trois Coucous » en français) en raison d’une bâtisse seigneuriale qui était ornée d’une sculpture de trois coucous. Des soldats de Napoléon qui y étaient logés demandèrent aux habitants le nom du quartier. Ne comprenant pas l’occitan ils marquèrent sur leur carte « trois cocus ». Une question de volatilité dans les deux cas.
Toutes ces rues, cachant derrière leurs noms des pans d’histoire de la ville, figurent en tout cas en tête du palmarès des plaques les plus volées. Preuve de l’attachement que les Toulousains leur portent. Alors, chiche pour le city-tour ?
Commentaires
Picq le 13/12/2024 à 15:49
Super ! Merci pour ces infos :-)