Expéditeur : Blanche Gonzalez est présidente du syndicat UNPF Midi-Pyrénées (Union nationale des pharmacies de France). Engagée dans l’action syndicale depuis 2001, elle exerce son métier à Castres. Particulièrement préoccupée par la réforme touchant les professions libérales annoncée par le gouvernement, elle se réjouit de « la forte mobilisation de tous les acteurs et des représentants de notre profession qui se sont unis dans des manifestations et des actions communes le 30 septembre dernier pour la défense de notre profession. »
Destinataires :
Emmanuel Macron : ministre de l’Économie et des Finances, nommé lors du remaniement gouvernemental, en août dernier.
Marisol Touraine : ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, en poste depuis l’élection de François Hollande en 2012.
À Madame la ministre de la Santé et Monsieur le ministre de l’Économie,
Notre profession est dans la tourmente de votre vent de réformes. Bousculée, de part en part, par d’incessantes réglementations ou textes législatifs, percutée de plein fouet par votre projet de déréglementation des professions libérales, elle est désormais sur le point de subir les assauts du nouveau Plan de financement de la Sécurité Sociale. Ce dernier prévoit 3,2 Mds d’euros d’économies sur l’assurance maladie en 2015, dont 50 % (1,68 Mds) sur le seul médicament, alors qu’il ne représente que 15 % des dépenses de l’assurance maladie !
Comment pouvons nous envisager sereinement tant d’évolutions concomitantes et divergentes, qui finissent par devenir incohérentes !
Fortement mobilisés le 30 septembre dernier (97 % des pharmacies fermées), unis dans leur combat, tous les acteurs de notre branche professionnelle vous ont signifié, avec force et détermination, leur profonde inquiétude face à un avenir décidé sans concertation. N’ayant obtenu aucune garantie, nous restons fortement mobilisés et attentifs à vos décisions.
Assis à la table des négociations, nous cherchons en vain la logique politique et économique de l’ensemble de vos stratégies qui menacent 124 000 emplois et un service de distribution de proximité accessible en permanence sur tout le territoire.
Notre message est clair : nous sommes ouverts à une évolution concertée et pragmatique de notre profession. Cependant, aucune transformation ne pourra se faire sans la garantie d’une pérennité économique de nos entreprises. Là est la base de tout dialogue avec notre profession.
On ne peut rationaliser et déstructurer des entreprises au service de la santé publique à l’extrême, au nom de l’exigence européenne, tout en leur demandant de renforcer leur engagement, leur professionnalisme et leurs performances : cela est incohérent !
La relation de confiance avec notre ministère de tutelle, la mise en œuvre de politiques de santé ambitieuses et la mobilisation de notre profession en tant que partenaire des évolutions à venir du système de santé ne seront possibles que dans la mesure où la stabilité financière de nos entreprises sera actée et pérennisée.
La maîtrise de la sécurité de la santé publique est une valeur chère aux Français, lesquels, au travers des milliers de pétitions signées, nous apportent un soutien massif et enthousiaste.
Les apprentis sorciers qui prônent la déréglementation de notre profession à des fins spéculatives, ont une conscience très limitée du respect de l’intégrité d’autrui et du secret médical. Qui assumera la responsabilité politique des accidents liés à l’utilisation inappropriée de médicaments, que la sortie du monopôle ne manquera pas de créer ? En cas d’intoxication accidentelle ou volontaire, quelle sera la responsabilité des politiques qui auront pris cette décision ?
Notre combat va bien au-delà de notre seul confort, il est juste, et tourné vers l’égalité de l’accès aux soins pour tous et en toute sécurité !
Merci de nous entendre.
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