FREE. Vous le faites déjà sans le savoir. L’économie du don, c’est les bibliothèques gratuites installées dans les rues de Toulouse depuis fin février, mais c’est aussi tous ces gestes que nous faisons au quotidien sans en attendre une quelconque rétribution. À Toulouse comme ailleurs, des initiatives originales font de la gratuité un véritable système parallèle. Cette semaine, le JT s’est infiltré dans ces réseaux désintéressés.
« Aujourd’hui, nous assistons à un fourmillement d’initiatives très diverses », décrit Simon Borel, sociologue à l’Observatoire société et consommation, avant d’énumérer une liste non exhaustive d’actions appartenant à l’économie du don : participer à une zone de gratuité,héberger un inconnu gratuitement, contribuer à des plateformes de financement participatif, à l’écriture de Wikipédia, à l’élaboration de logiciels libres… L’économie du don se retrouve aussi dans « ce que l’on appelle le ‘’Care’’ (soin en anglais NDLR) : prendre soin des autres avec le bénévolat » et même à travers « l’économie domestique : par exemple, lorsque nous accomplissons une tâche ménagère sans rien attendre en retour ». Finalement, ce sont toutes ces initiatives où « la valeur du lien créée entre les individus prime sur la valeur du bien, l’usage sur la propriété ».
En revanche, lorsque des initiatives liées à l’économie du don ont du succès elles peuvent être phagocytées par l’économie marchande. « Certaines grandes entreprises les formalisent sur une plateforme et les monétisent : le capitalisme demande ainsi aux gens d’être généreux pour en tirer des bénéfices ». Le sociologue parle alors d’« hybridation » des pratiques.
Quand on lui demande si l’économie du don est une nouvelle tendance apparue pour répondre à la crise financière, Simon Borel réfute d’emblée cette théorie : « Absolument pas, c’est la première forme d’économie, elle existait déjà dans les sociétés primitives », raconte-t-il. « Même si, dans les pays frappés par une forte crise financière, lorsque l’économie marchande s’écroule, l’économie du don gagne systématiquement du terrain », précise le sociologue.
Si cette pratique est propulsée sur le devant de la scène depuis que les citoyens portent de plus en plus d’attention à l’écologie et à l’économie circulaire, il est difficile de prévoir si l’économie du don peut se généraliser à l’ensemble de la société. Pour Simon Borel, si l’on veut accroître cet engouement pour le gratuit et le don désintéressé, un accompagnement politique s’impose. « Il faut permettre aux citoyens de se dégager du temps pour développer ces pratiques ». Ainsi, en 2017, selon le baromètre d’opinion des bénévoles, 30% de ceux qui donnent gratuitement se seraient engagés car ils avaient une plus grande disponibilité. Et si le temps, c’était du don ?
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