Dans son enquête annuelle, le Conseil national de l’ordre des médecins fait état d’une hausse des violences envers les médecins en 2018. En Occitanie, troisième région la plus touchée, une application mobile d’alerte a été créée pour sécuriser les praticiens.
Avec 1 126 agressions en 2018, l’enquête annuelle de recensement des incidents réalisée par le Conseil national de l’ordre des médecins révèle une hausse de 9 % des violences visant des professionnels de santé. Dans ce classement, l’Occitanie se place en troisième position, derrière l’Île-de-France et les Hauts-de-France. L’année dernière, 151 déclarations d’agressions ont été enregistrées dans la région, dont 46 en Haute-Garonne. Et plus particulièrement à l’encontre des généralistes qui représentent 70 % des victimes. Pourtant moins nombreux que les spécialistes, ils concentrent la majorité des violences envers le corps médical, dans leur cabinet. « Leur manière d’exercer restant plus solitaire, ils sont donc plus vulnérables », explique Maurice Bensoussan, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Médecins libéraux Occitanie.
Une situation dont profitent leurs agresseurs, des patients à 54 %. Il s’agit à 66 % de brutalités verbales et de menaces suite à un reproche relatif à une prise en charge ou un refus de prescription, ou de vols d’ordonnanciers, selon l’Ordre des médecins qui recense une recrudescence des incidents principalement en milieu urbain (54%). Et contrairement aux idées reçues, « ce n’est pas dans les quartiers dits populaires que sont dénombrées le plus d’agressions, mais bien en centre-ville », constate Maurice Bensoussan. Selon lui, ce phénomène social de désacralisation du médecin est plus diffus et ne se cantonne pas aux zones sensibles.
Pour soutenir les médecins dans cette situation, ou susceptibles de l’être, l’URPS Médecins libéraux Occitanie a mis en place un site et une application mobile appelée Cormedal, gratuite et disponible sur iPhone et Android. Le premier permettant de trouver des conseils pratiques pour assurer leur sécurité, la seconde de signaler une agression en vue d’une intervention.
Ainsi, lorsqu’un médecin se trouve dans un contexte à risque, il peut soit envoyer une alerte SMS au travers de messages préconfigurés à un collaborateur ou tout autre membre de son entourage, soit appeler la police ou la gendarmerie à l’aide d’un raccourci. Dans les deux cas, la manœuvre est rapide et discrète. De plus, une fonction de géolocalisation, récemment intégrée à l’application, étend la protection des praticiens en dehors de leur lieu de consultation habituel.
« Un outil efficace, mais qui le serait encore plus si les services de l’État y étaient plus associés pour renforcer la puissance à ce dispositif. Afin de mieux déployer Cormedal au niveau de la région, nous avons donc décidé de rencontrer tous les préfets d’Occitanie. La protection des médecins est aujourd’hui devenue une urgence », lance Maurice Bensoussan. Déjà, dans l’Hérault et dans les Pyrénées-Orientales, un accord avec les forces de l’ordre a été signé pour rendre les actions les plus performantes possible. À la préfecture du Tarn, « l’accueil a été favorable », estime le président de l’URPS Médecins libéraux, encore en attente d’un premier contact avec le préfet de Haute-Garonne.
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