En attendant les résultats de la première campagne nationale de surveillance des résidus de produits phytosanitaires dans l’air, l’Atmo Occitanie a dressé le portrait de la situation locale. Des observations appelées à se pérenniser pour objectiver le débat et éventuellement aboutir à une réglementation.
Agnès Langevine et Thierry SuaudDepuis plusieurs années, la présence de produits phytosanitaires est étudiée dans les sols ou dans l’eau. Désormais, elle l’est également dans l’air que l’on respire. Ce jeudi 29 novembre, Atmo Occitanie, l’observatoire régional de la qualité de l’air, a présenté un dispositif inédit de surveillance des phytosanitaires dans l’air. Dans la région, le déploiement de cette première campagne d’ampleur nationale, lancée par l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), vient compléter des suivis ponctuels déjà effectués sur le territoire.
« Il n’existe aucune réglementation sur la présence de phytosanitaires dans l’air. Le but n’est donc pas d’effrayer ou de stigmatiser mais d’engranger de la connaissance pour apaiser le débat avec des données objectives. Et pouvoir, à l’avenir, définir s’il est utile ou non de légiférer. L’enjeu est ainsi de pérenniser le dispositif », pose Thierry Suaud, président d’Atmo Occitanie.
« Le but n’est pas d’effrayer mais d’apaiser le débat avec des données objectives »
Au total, la région compte huit points de mesure pour la période 2018/2019, dans le cadre de la campagne nationale de l’Anses, ou en partenariat avec la Région Occitanie et l’Agence régionale de santé du Lot. Deux sont situés en Haute-Garonne, sur le site d’Atmo à Toulouse et dans le Lauragais. « Sur ce dernier, nous avons pu observer une évolution au cours de deux années consécutives. C’est la première fois que cela est possible », souligne Dominque Tilak, la directrice générale de l’observatoire.
Et les résultats sont surprenants. Fongicides, insecticides et herbicides confondus, il s’avère que le nombre de substances quantifiées était de huit en 2016/2017 contre 14 en 2014/2015. De même, entre ces deux périodes, les niveaux de concentration ont été divisés par trois. « C’est un fait notable mais nous ne pouvons pas encore dire s’il s’agit d’une vraie tendance à la baisse ou de circonstances exceptionnelles. La nouvelle étude en cours devrait nous en dire plus », détaille Dominique Tilak.
En attendant les résultats de la campagne nationale, d’ici fin 2019, les différentes études menées dans la région depuis 2008 ont par ailleurs permis de quantifier 41 molécules : la plupart en zones de grandes cultures et de viticulture, 9 tout de même en milieu urbain et seulement 3 en zone de fourrages et pâtures. Mais face au manque de références en la matière, difficile de définir l’importance des taux enregistrés ou d’évaluer leur impact sur la santé. C’est donc dans la durée que ces données prendront tout leur sens.
Elles sont en tout cas nécessaires, pour « engager un processus de transformation et une baisse drastique des pesticides dans une région qui en consomme encore beaucoup », estime Agnès Langevine, vice-présidente de Région, même si leur coût (près de 30 000 euros par an et par poste de contrôle) reste une barrière de poids. « Ce que l’on mesure sur un point peut parfois venir de loin, l’air bouge et se recompose. Il faudra donc ensuite passer par la modélisation. Nous n’en sommes qu’au début de la surveillance », conclut Dominique Tilak.
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