Les Toulousains qui proposent leur appartement en location sur des plateformes comme Airbnb ou Homeway vont devoir s’identifier auprès de la mairie. Une mesure qui vise à protéger les consommateurs, accompagner les loueurs, et éviter aux hôtels la concurrence déloyale.
© Franck Alix«T2, hypercentre, 40m2, à partir de 35 euros la nuit», « chambre double au cœur des Carmes, à partir de 32 euros la nuit», « jolie chambre privée, au calme, avec vue sur jardin, à partir de 16 euros la nuit ». Que cela soit pour une nuit ou plusieurs semaines, un logement entier ou une chambre, les annonces Airbnb ne manquent pas à Toulouse. D’après la plateforme, 5 400 logements sont ainsi proposés à la location dans la Ville rose.
Parmi eux, l’appartement de Marc, à Patte d’oie, initialement acheté pour loger ses enfants étudiants. Aujourd’hui le propriétaire trouve des locataires longue durée grâce à Airbnb. «L’avantage du site est que cela donne une bonne visibilité à mon annonce. Je cherche des locataires pour une durée minimum d’un mois. Et quand cela est possible nous signons un bail classique», raconte-t-il.
S’il existe de multiples usages d’Airbnb, chacun des loueurs toulousains va bientôt devoir se signaler à la mairie. Qu’ils louent une partie ou la totalité de leur logement et que cela soit pour rencontrer des gens ou pour arrondir les fins de mois, ils se verront ensuite attribuer un numéro d’immatriculation à inscrire sur leurs annonces en ligne.
Cela permettra d’identifier ceux qui louent plus de 120 jours par an. Ils seront alors classés dans la catégorie des professionnels du tourisme. Une obligation pour les communes de plus de 200 000 habitants, prévue par la loi numérique de 2016. Marc assure que « si c’est obligatoire », il ira se faire immatriculer. Mais il ne semble pas convaincu par le dispositif : «Sur le site Airbnb, on peut déjà voir qu’ils vont mettre en place une mesure technique pour limiter à 120 jours par an la location d’un bien immobilier.» Il n’est pas sûr qu’ elle dissuade «les plus malins et les moins scrupuleux.»
« Pour l’instant, nous posons le cadre, ensuite nous réfléchirons au barème des amendes et à la manière de réaliser un contrôle », explique Sylvie Rouillon-Valdiguier, élue chargée du tourisme à la mairie de Toulouse : « Nous avons besoin de cette diversité de logement. Mais il ne faut pas que cette offre soit hors-la-loi. Il est nécessaire de la réguler, de pouvoir suivre la qualité de l’accueil. »
Pour Frédéric Michel, président de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de la Haute-Garonne, principal syndicat de la profession « c’est un premier pas ». Jusqu’ici, il se sentait « agacé » par cette rivalité déloyale. « Quand un concurrent ouvre avec les mêmes contraintes que vous, c’est stimulant. Mais si l’on ne part pas sur un pied d’égalité, on se sent floué.» Contrôle de la commission de sécurité tous les cinq ans, impôts, travaux pour respecter les normes, autant d’impératifs auxquels ceux qui louent leur logement via des sites comme Airbnb échappaient. La reconnaissance de la professionnalisation de ce système de location était donc, selon lui, nécessaire. Prochaine étape : les décrets d’application. Cette mesure devrait être totalement mise en place à partir de septembre 2018.
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