Initiative. Dans un contexte où la fragilité du lien social et les inquiétudes économiques et sociales sont à leur paroxysme, Toulouse appelle les jeunes des quartiers à s’engager et apporter leur contribution à la construction d’un projet commun.
Par Myriam Balavoine
Alors que les attentats de janvier 2015 meurtrissaient encore un peu plus l’image des quartiers et stigmatisaient ses habitants, certains ont décidé d’agir. A l’occasion d’une manifestation organisée par l’association Voir et Comprendre dans le quartier de la Faourette, Sabri Boumjri s’est vu confier une mission par le préfet de la région Midi-Pyrénées et de la Haute-Garonne, Pascal Mailhos. « Au sein d’une discussion sur la place et l’insertion des jeunes des quartiers, il m’a paru essentiel de prendre la parole pour défendre et exposer mon point de vue » précise Sabri. Suite à ses interventions pertinentes, Pascal Mailhos a souhaité qu’il réfléchisse à ce qui ne va pas et surtout à la manière d’y remédier.
Sabri Boumjri s’est entouré de 6 autres jeunes, afin de mettre en place une réflexion autour de sujets prioritaires tels que l’éducation, l’emploi ou le logement. « Je suis allé chercher des jeunes d’horizons différents, issus des quartiers ou non, afin d’enrichir le débat. » explique-t-il. Tout au long de ces 6 mois, les jeunes volontaires ont eu carte blanche, avec une salle mise à disposition à la Préfecture, et des rencontres avec les services de l’Etat concernés afin de s’assurer de la faisabilité des propositions. Des réunions étaient organisées tous les mercredis et recevaient des intervenants multiples tout en laissant un accès libre à tout le monde. Pour Sabri Boumjri, il s’agit de « créer un véritable échange, sans aucune prétention de révolutionner les choses. Mais simplement s’inspirer de nos expériences pratiques et de notre vécu, être pragmatiques. »
« Aujourd’hui, les gens devraient être libres de se déplacer partout, sans barrière physique ni mentale »
Pour les jeunes qui se sont mobilisés, cette démarche permet d’agir et d’apporter leur contribution à la remise en question des clivages permanents entre les quartiers et le reste de la ville. « Aujourd’hui, les gens devraient être libre de se déplacer partout, sans barrière physique ni mentale. Nos propositions visent à faire tomber cette barrière invisible, à l’origine d’un climat social morose » soulève Sabri Boumjri. Présentées à Pascal Mailhos ce mardi 8 septembre, les idées du groupe ont été approuvées et considérées comme applicables par la Préfecture.
Loin d’oublier que logement, éducation et emploi sont liés, ce sont des actions concrètes et corrélées qu’ils proposent. Mise en place d’une plateforme internet mutualisant toutes les offres de stages ou d’alternance de Pôle Emploi et d’autres organismes, permettant une insertion professionnelle dans tous les domaines d’activité et qui viendrait en aide à tous les jeunes, quartiers ou non. Pour l’éducation encore, une remise des diplômes à l’occasion du brevet ou du baccalauréat, à la fois fierté et concrétisation d’un investissement scolaire pour tous. Faciliter une mixité sociale par l’amélioration des logements et l’accueil d’étudiants par exemple. Tout un ensemble d’idées qui devraient se mettre en place, et dont l’avancement sera surveillé par un Comité de suivi. Rendez-vous pris dans 6 mois.
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