String. Toulouse accueillait le week-end dernier le traditionnel salon de l’érotisme … Le JT n’a pas manqué l’occasion de jouer les voyeurs.
Par Julien Davenne
C’est un hangar au sol irrégulier, au plafond de tôle, sans âme, sans charme, sans rien. Pourtant, il faisait chaud dans le hall 7 du Parc des expos en ce dimanche maussade de novembre. Chaud, parce qu’il y avait du monde, 10000 visiteurs sur deux jours, chaud parce que nombre d’entre eux avait le rouge au front, chaud parce qu’un salon de l’érotisme se doit de l’être, ou d’essayer. « Ils appellent ça le salon de l’érotisme, mais c’est un grand peep show. » Valérie est formelle, cette belle femme élégante, mère de deux garçons de 15 et 23 ans, connaît la musique. Gérante d’une boutique de lingerie et accessoires érotiques, elle est commerçante, mais le regard qu’elle pose sur les sexualités contemporaines est celui d’une ethnologue, d’une sociologue, d’une psychologue, parfois même d’une urologue. La commerçante se réjouit : en ces temps de crise, nous sommes le seul type de commerce qui tient la route. « Les gens font attention à leurs dépenses mais ils ont toujours envie de se faire plaisir. » Elle se réjouit, mais elle s’inquiète. Motif ? « Les plus jeunes, ceux qui vont dans le trash très vite ; je vois des gamines qui n’ont aucun respect d’elles mêmes, de leur corps ; on est dans un monde de frustrés et de performance, on calme les jeunes, on temporise. » D’ailleurs, sa boutique est interdite aux mineurs et son fils de 15 ans n’y est jamais entré ; pour lui, maman est commerçante, point. Claire Castel est actrice, tendance porno chic, elle aussi pose des limites. « Maximum trois mecs à la fois, et encore le troisième est plutôt passif. » Claire travaille chez Marc Dorcel, « parce que Dorcel, c’est sensuel. » Mariée depuis 7 ans, Claire confirme l’écart entre les pratiques du porno et la réalité du quotidien, « devant la caméra on fait des positions qu’on ne fait pas avec son amoureux. » Jorel et son pote Sébastien sont entrés dans l’espace hot du salon. Sur scène, une femme aux seins semblant sortis de l’atelier de Jeff Koons, chevauche un jeune homme choisi dans le public. Assis sur une chaise, il n’ignore plus rien d’une anatomie qui s’offre à lui en 3D. Jorel et Sébastien n’auront pas droit aux faveurs de la dame. Leurs chaises sont des fauteuils, roulants de surcroît. Handicapés, ils viennent là « par curiosité, parce que c’est très beau et que l’on voit des femmes sublimes. » Jorel a 24 ans, s’il reconnaît que « ce n’est pas facile, il y a le regard de l’autre », il précise quand même que chez lui, « tout est opérationnel, ça fonctionne mais aujourd’hui mon activité sexuelle est inexistante, c’est du phantasme pur et dur. » De l’érotisme ou de la pornographie? Faut voir. Le stand Fuck Machine propose du « théâtre porno en direct », un autre, le « tournage d’une scène x en condition réelle », là, on est dans le dur. Depuis 30 ans, AIDES lutte contre l’ignorance, pour la prévention, la protection et le dépistage du SIDA et des hépatites. Le salon de l’érotisme a offert l’emplacement à l’association qui propose un dépistage immédiat. En 2013, 14 personnes ont pris connaissance de leur séropositivité par le biais de l’action locale de l’association. 14, c’est peu, mais ce sont autant de personnes contaminées qui ne transmettront plus la maladie, alors, 14, c’est beaucoup.
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