Supercherie. Des citoyens commencent à se regrouper, et ne veulent pas s’avouer vaincus. Ils dénoncent, comme la rédaction de votre hebdo, « le vrai mensonge. »
Par Julien Davenne
C’est une belle performance à verser au crédit d’Emmanuel Macron. Mobiliser 700 personnes contre son projet de privatisation de l’aéroport de Toulouse par un samedi de chien, c’est beau. D’autant plus beau que le mundillo hétéroclite réuni place du Capitole, offrait une réjouissante assemblée d’éléments souvent contraires. En tête du rassemblement, Pierre Izard affichait cette mine courroucée que lui connaissent si bien ceux qui lui portent la contradiction. Derrière la même banderole, un syndicaliste du conseil général, opposant coutumier du président, défile presque au coude à coude. À leurs côtés, des enfants portant pancartes, des comités de quartiers, des associations, le Parti communiste, le Parti de Gauche, les Verts, le NPA, des syndicats, des élus, des particuliers et des socialistes aussi. Peut-être ces derniers auront-ils eu quelques gerçures aux lèvres au moment de reprendre les slogans anti gouvernementaux, n’empêche, ils sont là, ensemble. Christophe Léguevaques est là aussi. C’est à lui, avocat du collectif contre la privatisation, qu’il appartient de croiser le fer sur le terrain du droit. Il a porté devant le Conseil d’Etat la requête des opposants demandant la suspension de la privatisation.
C’est en bloc que les opposants réaffirment leur refus
Mais le Conseil d’Etat a tout rejeté, en bloc. Alors, c’est en bloc que les opposants réaffirment leur refus. L’objectif affiché, c’est l’abandon de la privatisation. Les uns y voient la patte griffue d’un ultra libéralisme sauvage, pour les autres, c’est la perspective d’un ciel saturé d’hélices et de réacteurs qui se profile. Au passage, ils dénoncent les méthodes de cowboy du ministre, l’absence de concertation, l’accroissement des risques de catastrophes aériennes, la braderie et le mépris… Les habitants de Lardenne font un peu la gueule, un trafic multiplié par trois d’ici 15 ans, ça ne passe pas. Le bruit, la pollution, le développement des vols de nuit, c’est non. La création d’un hub concentrant sur l’aéroport un nombre d’avions en augmentation continue, ils n’en veulent pas. Alors, ils font un peu la gueule, mais ils sont dans la rue. La privatisation, les militants du PC n’aiment pas. Avec une belle constance, ils affirment leur rejet de voir le patrimoine national dispersé à l’encan. Dans la foulée, ils prédisent pareil traitement au chemin de fer, certains que la braderie de l’aéroport ne fait que précéder celle de la gare et de tout bien public susceptible de venir apurer la dette nationale. Pourtant, le ministre de l’économie n’est pas seul. Si les traditionnels adeptes d’un libéralisme sauvage ont la bave aux lèvres, d’autres font dans la nuance ou dans le silence. Airbus, un peu coincé aux entournures, reste taiseux, business oblige. De son côté, le maire de Toulouse semble converti à la Macron-économie triomphante, prouvant ainsi que les clivages n’engagent que ceux qui y croient. C’est encore dans la Dépêche du midi que l’on trouvera les plus cauteleux défenseurs de la privatisation. En évoquant la « faible mobilisation » des opposants, le quotidien témoigne autant de son engagement extatique aux côtés du ministre, que de son incapacité à apprécier la nature d’un mouvement qui, quoi qu’il en dise, mobilise.
Commentaires
Saforcada le 01/12/2024 à 23:28
Oui belle mobilisation et ce quoi qu'en dise le quotidien régional aux ordres. Debout La France Haute Garonne est fièr d'avoir été présent dans le cortège derrière Jean Louis Thomas et Adeline Guibert. Une "affaire" qui ne touche pas qu'une partie de la Gauche.