Le 10 juillet dernier, Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé un plafonnement de la Taxe pour Frais de Chambre, qui constitue 2/3 des budgets des CCI. Avec pour objectif 400 millions d’euros d’économie, le gouvernement inquiète les élus de ces chambres consulaires qui s’interrogent sur l’avenir de leurs structures.
DRComme la diabolique “peau de chagrin” du roman de Balzac, les Chambres de Commerce et de l’Industrie voient leurs ressources, et peut-être leurs jours, se réduire inexorablement. Le 10 juillet dernier, le gouvernement, qui avait pourtant promis une stabilité fiscale jusqu’au terme de son mandat après une précédente coupe de 150 millions d’euros actée fin 2017, a annoncé une nouvelle restriction budgétaire. En plafonnement la Taxe pour Frais de Chambre, principale ressource des CCI, c’est un effort de 400 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2022, qui leur est demandé.
Entre 2012 et 2022, c’est environ 75 % du budget de fonctionnement de ces établissements publics qui aura fondu comme neige au soleil, suscitant l’inquiétude et la colère des élus concernés. « En divisant les budgets par quatre, le gouvernement nous condamne à une mort lente. Les CCI sont un outil de développement économique du territoire. La question est de savoir si l’État veut les réduire à un organe de relais des politiques publiques ou simplement les supprimer. Dans ce cas, qu’il le dise directement. La seule logique du rabot n’a pas de sens », s’insurge Philippe Robardey, président de la CCI de Toulouse.
« L’objectif du gouvernement est inatteignable. Nous sommes favorables à l’idée de faire des économies mais il faut que ce soit supportable et qu’on limite la casse sociale », défend Alain Di Crescenzo, président de la CCI Occitanie, qui a déjà dû suspendre son activité d’accueil du public les mercredis. « Pour une CCI comme la nôtre, ce sont 400 emplois sur 1 200 qui sont menacés. Nous craignons également une réduction des prestations et la disparition des CCI sur les territoires les moins dynamiques. Or, notre rôle est fondamental dans l’accompagnement à la création et la pérennisation d’entreprises ainsi que dans la formation professionnelle et supérieure. C’est l’équité et le développement économique qui sont mis à mal. Nous venons de connaître un pic de croissance qui est en train de s’essouffler. Ce n’est pas le moment de freiner l’appui aux entreprises », précise-t-il.
Conscient de l’importance de l’effort demandé, Bruno Lemaire, a encouragé les présidents des CCI à réinventer leurs structures et leur a suggéré plusieurs pistes : redéfinition des missions, facturation des services, mutualisation ou fusion avec les Chambres des Métiers. « Facturer plus systématiquement nos prestations nous mettrait en concurrence avec les entreprises du territoire. Et ce n’est pas le rôle d’un établissement public », réfute Philippe Robardey. « Nous n’avons pas attendu que le gouvernement nous appelle à nous réinventer. En Occitanie, nous avons déjà mis en place un projet de digitalisation de nos services pour les rendre accessibles en ligne. De même, nous sommes favorables à une logique de mutualisation au niveau régional ou avec les autres chambres. Nous avons, par exemple, centralisé tous les centres de formation autour d’une seule structure régionale », souligne Alain Di Crescenzo qui espère que le ministre reviendra sur les chiffres annoncés afin d’établir, sereinement et dans le dialogue, une feuille de route soutenable.
Commentaires
Jerome Durel le 10/10/2024 à 14:02
Les présidents "bénévoles" de CCI n'en finissent pas de menacer de démissionner mais la place est bonne, aucune chance qu'ils lachent leurs émoluments, leurs faux frais, leurs voyages, ...