QU’ES AQUO ? Il y a huit ans, Toulouse devenait la première ville de France à se doter d’un métro bilingue en langue régionale. Après une enquête d’envergure dans les bas-fonds de la ville, le JT a découvert que la transition a été plus mouvementée que ce l’on peut penser.
« Les annonces dans le métro, c’est amusant et puis ça permet d’apprendre l’espagnol », lâche Farid, un trentenaire toulousain, avant de s’engouffrer dans une rame. Dans la voiture, en pleine heure de pointe, l’annonce de l’arrivée du métro à la station “Capitoli” laisse les voyageurs impassibles. Il faut dire qu’il est tôt, que certains usagers ont encore l’empreinte de leur oreiller sur le visage et que beaucoup portent des écouteurs. Mais est-ce la seule raison de ce stoïcisme?
Il y a huit ans, lorsque le moyen de transport est devenu bilingue en occitan, la ville était plus ou moins à feu et à sang. Et ne mâchons pas nos mots, à deux doigts de la guerre civile.
Tout a basculé au moment où la mairie a décidé d’étendre ce dispositif qui devait initialement être limité à la durée du festival Occitania. L’initiative avait été proposée et défendue par le mouvement Convergéncia Occitana. « Il y avait déjà les plaques indiquant le nom des rues dans cette langue régionale et nous voulions qu’elle ait aussi une existence sonore, c’est une langue vivante», réagit Jean François Laffont, président du mouvement. Pour lui, c’était une «ineptie» de prononcer les noms des stations uniquement en français alors que « 90% sont occitans à la base ».
Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux. Un groupe Facebook intitulé “Pour que l’Occitane du métro toulousain se taise!” se forme et est bientôt suivi par 10 000 personnes. Son instigateur, Clément Elbaz, menait alors la fronde des antis. La rédaction a réussi à retrouver sa trace. Aujourd’hui, qu’en pense-t-il ? S’est-il habitué aux annonces à grands coups de “Borda Roja” ou “Font de l’Estanh” ? Il confirme : « je trouve ça toujours aussi bête qu’avant». Ce dispositif n’est, selon lui, que de l’image et n’apporte, entre autres, aucun confort pratique. « Il n’y a personne qui va débarquer à Toulouse et qui va se perdre parce qu’il n’a pas d’indication en occitan.» Une remarque à laquelle le président de Convergéncia Occitana rétorque : «Si l’on veut vraiment des annonces “pratiques”, pourquoi ne pas les diffuser en chinois ? C’est une langue que l’on parle de plus en plus après tout !»
Aujourd’hui, si la polémique a disparu et que la paix est revenue en ville, le dispositif pourrait prendre de l’ampleur puisqu’il est dans les projets de la mairie de l’étendre aux tramways. «C’est en étude mais ça n’est pas encore fait à cause d’un problème technique », précise Jean-François Laffont. Dans ce moyen de transport, c’est une voix de synthèse qui annonce les stations. Et il est difficile pour un ordinateur de maîtriser l’accent.
Commentaires
Julien le 11/12/2024 à 07:40
« Et il est difficile pour un ordinateur de maîtriser l’accent. »
J'ai ri, en occitan on sait on tombe l'accent tonique :
mot terminé par consonne hors S = dernière syllabe.
mot terminé par voyelle : avant dernière syllabe.
Si exception : on met un accent écrit.
Pour l'illustration, vous êtes tombés dans le cliché. Avez-vous vu beaucoup de catalans à la télé en costume traditionnel ? Non, hors ils parlent catalan qui partage 75% de son vocabulaire avec l'occitan.
Fautes : qu'es aquò, Capitòli, Bòrda. Et "Adiu, contròla del bilhet de metrò"