Par Maylis Jean-Préau
Anticipation. Leur métier consiste à faire la pluie et le beau temps. À Blagnac, les prévisionnistes de Météo France passent leurs journées à étudier le ciel pour indiquer aux Toulousains quand sortir leur parapluie ou leurs lunettes de soleil. Reportage chez les fournisseurs de Madame Météo.
Blagnac, son aéroport et son parking P6. C’est dans cet univers où le taux de décibels peut monter très vite que se trouve le centre de prévision de Météo France. Un bâtiment blanc, discret, passant presque inaperçu. Devant le parking, on tombe nez à nez avec une étrange créature, une station météo surmontée d’une petite hélice attendant d’être envoyée sur le terrain. Mais c’est à l’intérieur que les choses se passent. Là, dans une salle sombre à l’ambiance détendue, trois météorologues s’affairent devant de grands écrans où apparaissent des graphiques et des cartes multicolores.
Il est 10h du matin, mais pour eux la journée a déjà commencé depuis longtemps. « Je suis arrivé à 6h moins le quart », lance Pascal Bourreau, 35 ans de prévisions derrière lui. « Nous prenons le relais du prévisionniste de veille qui travaille toute la nuit depuis le site de Météo France à Basso Cambo.» Au petit jour, à peine son café avalé, il se penche sur de nombreuses données transmises par l’ordinateur central de Météo France, basé à Toulouse. « Ces dernières sont récupérées par les stations de sondage en atmosphère et par les satellites. Il y a aussi les relevés effectués sur les sept stations météo automatiques de la région. Il s’agit de petits abris munis d’un anémomètre, d’une girouette et de sondes de température. Ces stations ont les mêmes caractéristiques partout dans le monde afin d’avoir des données homogènes », explique Pascal Bourreau.
Passées à la moulinette d’un calculateur, ces informations brutes prennent ensuite la forme de mouvements atmosphériques s’affichant sur les écrans. « Notre boulot consiste à les exploiter pour prévoir le temps qu’il fera dans les trois jours à venir », poursuit le météorologue, l’œil rivé sur des graphiques incompréhensibles pour le public profane. Ni boule de cristal ni marc de café. Pour étudier l’évolution des masses d’air, Pascal Bourreau et ses collègues ont recours notamment à Arpège, le modèle français de prévision numérique. Ce logiciel permet de prévoir les phénomènes de grande échelle, comme les anticyclones parcourant la Terre. « Grâce à ces outils, nous traduisons des données brutes en temps sensible. »
« Pour ce métier, il est indispensable d’avoir une bonne connaissance du terrain. »
Il est 6h15 quand le prévisionniste décroche son téléphone. Il entre alors en contact avec les autres centres du Sud-Ouest pour faire un point sur la situation. Il lui reste encore à plancher de façon plus précise sur les résultats obtenus afin de livrer son premier bulletin météo, dès 7h du matin. Tout au long de la journée, et jusqu’à 18h, il va suivre l’évolution de l’atmosphère et éditer des bulletins spécifiques, comme celui pour les Autoroutes du Sud de la France. En face de lui, Jean-Luc s’est spécialisé dans la nivologie : « Je surveille le manteau neigeux et transmets par exemple des bulletins pour les stations de ski ou les offices de tourisme », explique-t-il. Au fond de la pièce, Frédéric, s’occupe quant à lui de la météo des airs : « Je fais des bulletins pour l’aéronautique. Je suis en lien avec les pilotes, en particulier pour les vols à vue, ils nous appellent avant de décoller s’ils ont un doute sur l’état du ciel. Jour et nuit, il y a toujours quelqu’un à ce poste.
Assis face à une carte du Sud-Ouest en relief, Pascal Bourreau lance : « Pour ce métier, il est indispensable d’avoir une bonne connaissance du terrain ! Il faut maîtriser les spécificités du territoire, savoir que le seuil de Naurouze est un passage délicat pour les avions, car très nuageux, savoir que la Haute-Garonne est soumise à l’influence des Pyrénées, du Massif central, de la Méditerranée et de l’Atlantique… »
Malgré l’ambiance détendue ce matin-là, les prévisionnistes sont toujours sur le qui-vive. En cas de graves intempéries à l’horizon ce sont eux qui sont chargés d’alerter les services de l’État. Or, avec le réchauffement climatique, le temps est devenu très changeant. « Notre façon de procéder est de plus en plus fiable, mais le temps est de plus en plus instable et donc difficile à anticiper ce qui explique que nous nous trompions », précise Pascal Bourreau. Pour les jours à venir, le prévisionniste vous promet : « Une fin septembre douce et ensoleillée et un début octobre un peu plus nuageux. » Enfin l’été indien ?
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