AMUSE-GUEULE – Engouement inédit pour les produits bio, succès des circuits courts et du locavorisme, multiplication des émissions de télévision culinaires, emballement pour les “régimes sans”… Le ‘’bien manger’’ n’a jamais été aussi tendance. Tous ces indicateurs pourraient nous laisser penser que la malbouffe est en passe de capituler. Mais ce serait sous-estimer l’addiction de la plupart des Françaisau gras, au salé et au sucré… Alors que viennent de s’ouvrir les États généraux de l’alimentation, le JT a mis autour de la table chefs, consommateurs, experts en nutrition qui élaborent chacun leur recette du “bien manger”.
Pizzas, sandwichs, pâtisseries salées, viennoiseries, entremets et autres crèmes dessert. Ces aliments, souvent trop gras et trop salés, s’invitent de plus en plus à la table des Français. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), sortie le 12 juillet. Réalisée tous les 7 ans, cette étude individuelle nationale des consommations alimentaires (INCA) passe au peigne fin l’assiette d’un échantillon de 5800 Français, de 0 à 79 ans, représentatifs de la population.
« On pourrait penser qu’avec la multiplication des émissions de télévision culinaires les Français cuisinent davantage, mais leur consommation de produits transformés montre que ce n’est pas le cas ».
Sa dernière mouture, baptisée INCA 3, présente une note salée. On y apprend que les Français mangent toujours plus de plats transformés, parmi lesquels ces fameuses pizzas, viennoiseries et entremets, la plupart du temps, d’origine industrielle. Pour l’Anses, « cette transformation et ce recours important aux produits agroalimentaires contribuent à créer une distance entre les individus et leur alimentation, notamment en termes de connaissance de la composition des aliments. » Et Jean-Luc Volatier, conseiller scientifique pour l’étude INCA 3, d’ajouter : « On pourrait penser qu’avec la multiplication des émissions de télévision culinaires les Français cuisinent davantage, mais leur consommation de produits transformés montre que ce n’est pas le cas ».
Si le rapport n’analyse pas l’apport en sucres et en graisses, il a scruté celui en sel et en fibres. Là encore, les adultes consomment globalement trop de sel, près d’un gramme par jour de plus que les objectifs préconisés par le Programme national nutrition santé. Les Français ne mangent pas non plus assez de fruits et légumes et de produits céréaliers, qui apportent les fibres dont notre organisme a besoin. Leur ration journalière est inférieure de dix grammes par jour aux recommandations de l’Anses.
« Ceux qui ont fait des études supérieures consomment plus de fruits et de thé, alors que les personnes de milieux modestes vont avoir tendance à se tourner davantage vers les sodas et les boissons sucrées »
Au-delà de ces grandes tendances, l’étude montre aussi la diversité des comportements en fonction de l’âge, du sexe ou encore du milieu social. Et les Français ne sont pas égaux dans la façon de remplir leurs assiettes. « Ceux qui ont fait des études supérieures consomment plus de fruits et de thé, alors que les personnes de milieux modestes vont avoir tendance à se tourner davantage vers les sodas et les boissons sucrées » détaille Jean-Luc Volatier. Les femmes sont, quant à elle, plus enclines à se conformer aux recommandations santé que les hommes. Elles privilégient les yaourts et fromages blancs, les compotes, la volaille, les soupes et les boissons chaudes, tandis que les hommes se tournent vers les produits céréaliers raffinés, les viandes et charcuteries, les pommes de terre, les fromages, les crèmes dessert et les boissons alcoolisées. Au final, les hommes mangent plus et leur apport énergétique est supérieur de 38 % à celui des femmes.
À ces habitudes s’ajoute une tendance générale à la sédentarité, produisant un cocktail détonnant pour la santé. Le rapport montre qu’une part non négligeable des Français est en surpoids. En 2014-2015, cela concernait 13 % des enfants et adolescents et 34 % des adultes de 18 à 79 ans. « Une de nos surprises a été de constater l’ampleur de l’augmentation de la sédentarité. En sept ans, le temps quotidien passé devant un écran, hors temps de travail, a progressé de 20 minutes en moyenne chez les enfants et de 80 minutes en moyenne chez les adultes. C’est alarmant » lance Jean-Luc Volatier. Cette sédentarité concerne même « les individus qui pratiquent 30 minutes d’activité physique par jour. Le problème c’est l’immobilité. Il faut bouger, se lever, marcher régulièrement dans la journée » préconise le conseiller scientifique.
Les États généraux de l’alimentation dont les premiers ateliers ont commencé le 28 août, ouvriront de début octobre à fin novembre, un deuxième atelier autour du thème « une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous ». Ce rapport montre qu’un vaste chantier les attend.
Source : Anses, repères nutritionnels du Programme National Nutrition Santé, 2017 ©Delphine Tayac Source : Anses, repères nutritionnels du Programme National Nutrition Santé, 2017 ©Delphine Tayac
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