Devant ‘’Comment maigrir ?’’, la question la plus souvent posée sur Google est : ‘’Comment faire l’amour ?’’. Internet a toujours été le lieu de la rencontre amoureuse et de la sexualité. Mais les tendances qu’on y trouve étaient déjà bien en place avant son avènement…
Le web amplifie un phénomène initié dès la fin des années 1970, par les mouvements féministes, l’individualisation de la société ou l’explosion du nombre de célibataires : « Le modèle hétérosexuel classique est en train d’éclater. C’est la fin de l’utopie de l’amour total », constate Daniel Welzer-Lang, sociologue toulousain et auteur de nombreux ouvrages sur la sexualité.
Ainsi, le papillonnage, l’infidélité et le sexe sans lendemain gagnent du terrain sur la toile. Selon un sondage IFOP en 2015, 4 Français sur 10 se sont déjà inscrits sur un site de rencontres et un quart a déjà eu un rapport sexuel grâce à lui. La moitié des hommes admet n’y rechercher que des relations passagères : « La sexualité devient récréative. Et Internet multiplie les dispositifs qui permettent de jouer avec l’autre », estime Daniel Welzer-Lang. Preuves en sont les partages de photos ou les échanges à caractère sexuel par webcam. Les pratiques et les orientations s’affichent désormais au grand jour. Hétéro, lesbiennes, gays, bi, trans, toutes les communautés s’expriment : « Internet reflète parfaitement le réel, c’est un réel numérique. Les gens s’y rencontrent, s’y désirent, s’y caressent ! »
Le web a également banalisé la pornographie. Gratuite, incroyablement variée, omniprésente. Dans un article du New York Times paru en juin dernier, la journaliste Maurren O’Connor y voit un « paysage érotique qui croit par lui-même. La pornographie existe à côté et en conversation constante avec le sexe réel – mais elle est beaucoup plus joueuse, plus étendue et plus créative. Elle est devenue un laboratoire de l’imagination sexuelle, une sorte de conscience sexuelle collective en pleine évolution. »
« Internet reflète parfaitement le réel, c’est un réel numérique. Les gens s’y rencontrent, s’y désirent, s’y caressent ! »
Mais l’exhibitionnisme qui a envahi la toile et l’hypersexualisation de la société peuvent avoir de graves répercussions sur les plus jeunes. Ils en tirent une image dégradée de la sexualité, réduisant les hommes et les femmes à de simples objets sexuels. Daniel Welzer-Lang se veut pourtant rassurant : « Certes, ces mômes sont nés avec Internet et les pare-feux sont illusoires. Mais ils consomment le porno comme leurs ainés le faisaient par la télévision ou la presse spécialisée. Rien n’a changé, sauf l’emballage. » De fait, l’âge du premier rapport ne varie pas en France, autour de 17 ans pour les filles comme pour les garçons.
Autre revers de la médaille, la prolifération du harcèlement en ligne. Une étude de 2016 de l’Observatoire universitaire international éducation et prévention indique que 17% des filles et 11% des garçons déclarent avoir été confrontés à des cyberviolences à caractère sexuel, principalement sur les réseaux sociaux. L’INPES et Santé publique France lancent régulièrement des campagnes pédagogiques pour prévenir ces dangers. Internet révèle enfin l’étendue des problèmes de santé sexuelle et affective de la population : « Avec les handicapés, les hommes et les femmes isolés ou les personnes âgées, il y a encore beaucoup à faire », considère Daniel Welzer-Lang. Depuis 2002, la santé sexuelle est ainsi reconnue comme un droit par l’Organisation mondiale de la santé.
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