Depuis 15 jours, le nombre de patients admis pour Covid-19 au CHU de Toulouse s’est stabilisé. La tension reste toutefois élevée avec un virus qui continue de circuler et les différents variants qui imposent une vigilance de tous les instants.
Au plus fort de la première vague, le CHU de Toulouse avait pris en charge jusqu’à 190 patients contaminés par la Covid-19. Aujourd’hui, après une hausse continue, le nombre de malades positifs s’est stabilisé à un niveau légèrement inférieur. « Depuis 15 jours, nous observons une légère baisse. Mais, globalement, nous sommes sur un plateau très élevé », détaille Marc Penaud, le directeur du CHU de Toulouse. Celui-ci fait notamment état de 167 personnes admises pour Covid au sein des différents services, dont 41 en réanimation et 27 en soins intensifs. Au total, 50 à 60 % des lits de soins critiques sont occupés par des patients affectés par le coronavirus.
Une activité liée à l’épidémie qui dépasse les capacités habituelles mais que l’hôpital arrive tout de même à gérer. « Nous maintenons le niveau 4 du plan de mobilisation des capacités en réanimation. Cela suppose, notamment, une déprogrammation de 25 % des activités chirurgicales non urgentes ainsi qu’une transformation de certains lits pour augmenter les capacités Covid », précise-t-il avant de rappeler que le CHU de Toulouse a également fait des efforts de recrutement. 60 personnels soignants sont ainsi venus grossir les effectifs depuis le début de l’année. Par ailleurs, pour Vincent Bounes, directeur du Samu de la Haute-Garonne, la diminution d’autres types de prises en charge (traumatologie, infectiologie), induites par les confinements et l’application des gestes barrière, compensent en partie le surplus d’activité lié à la Covid.
Toutefois, les responsables des différents services sont unanimes : cette stabilisation des courbes ne doit pas être synonyme de relâchement. En effet, avec des taux de positivité aux tests avoisinant les 10 %, le virus continue de circuler de manière active et importante. « Nous restons extrêmement vigilants sur différents points. Notamment l’impact que pourraient avoir les vacances de février, la propagation des différents variants et, l’évolution de la vaccination », détaille Marc Penaud. « Désormais, nous doublons tous les test positifs avec un second test dit ”de criblage” pour détecter les variants. Nous pouvons doubler cette recherche par un séquençage qui permet d’identifier et de surveiller plus précisément les variants d’intérêt. Notamment ceux qui auraient un impact sur l’efficacité des différents vaccins », ajoute-t-il. Régulièrement des enquêtes flash sont réalisées, au niveau national, pour dresser un état des lieux précis de la situation.
Côté vaccination, 16 400 personnes ont déjà reçu au moins une injection d’un vaccin au sein de l’un des centres dédié du CHU. Et si, dès le 25 février prochain, les médecins généralistes auront la possibilité de vacciner leurs patients à risques âgés de 50 à 64 ans, la cadence de vaccination reste limitée par les contraintes d’approvisionnement. « La plateforme de vaccination est victime de son succès. Vendredi dernier nous avons ouvert des créneaux de rendez-vous pour 15 jours et, dès le samedi, tous étaient réservés. Nous sommes tenus par le nombre de doses disponibles », témoigne Vincent Bounes, directeur du Samu de la Haute-Garonne. En Ehpad, près de 75 % des résidents ont déjà pu recevoir au moins une injection. Une démarche dont les autorités sanitaires espèrent qu’elle mettra fin au tribu payé par ces établissements qui comptent déjà 325 décès depuis le début de l’épidémie en Haute-Garonne.
De son côté, le docteur Béatrice Riu-Poulenc, du service de réanimation, constate un rajeunissement des malades admis en soins intensifs. Un seul malade sur les 14 pris en charge pour une forme grave, cette dernière semaine, avait plus de 65 ans. Tous, en revanche présentaient les habituels facteurs de comorbidité : obésité ou hypertension. Néanmoins, plus qu’une évolution de la virulence du virus, les médecins expliquent ce phénomène par l’avancée de la campagne de vaccination chez les personnes âgées et le strict respect des mesures sanitaires par ces dernières. Au niveau du traitement, le CHU de Toulouse privilégie toujours, dans les formes les plus sévères, une oxygénothérapie à haut débit et une corticothérapie, visant à diminuer la partie inflammatoire de la pathologie.
Enfin, Sarah Viguier, la directrice déléguée du pôle enfant de l’hôpital alerte sur une épidémie dans l’épidémie. Si les plus jeunes sont relativement épargnés par le coronavirus, celle-ci constate une inquiétante multiplication des troubles psychiques et du comportement alimentaire. Dans des formes sévères qui nécessitent parfois des hospitalisations. « Nous observons une augmentation du nombre de cas d’anorexie mentale. Cela touche principalement les 12 à 18 ans et cela risque de durer », s’inquiète-t-elle.
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