Alors que la campagne de vaccination prend de la vitesse en France, les collectivités locales se mobilisent et appellent l’État à s’appuyer sur elles pour accélérer encore le processus.
C’est une piqûre de rappel à l’attention de ceux qui sont en charge de déployer la campagne de vaccination contre la Covid-19 en France. « L’accélération massive de la vaccination passe nécessairement par un acte de confiance renouvelé de l’État envers les territoires. Notamment en s’appuyant sur leurs capacités logistiques et d’action en proximité », revendique l’association France urbaine qui réunit des maires de grandes villes de France. Concrètement, de nombreuses communes françaises se préparent à mobiliser des locaux municipaux pour les transformer en centres de vaccination. Et, ainsi, soutenir l’État dans son objectif, annoncé par Olivier Véran, le ministre de la Santé, de vacciner un million de personnes dans les prochaines semaines.
C’est notamment le cas à Toulouse qui, en plus d’un centre municipal de vaccination permanent, souhaite multiplier les centres provisoires. « La mairie avait déjà mis à disposition des acteurs de santé des lieux et du matériel pour déployer, en urgence, six ou sept centres de dépistage d’appoint. Il est envisageable de les transformer maintenant en centres de vaccination et, ainsi, d’aider les autorités sanitaires à absorber la montée en charge à venir », explique François Chollet, conseiller municipal et vice-président de la métropole de Toulouse en charge de la coordination de la lutte contre la Covid-19. Ces locaux, parfois constitués de préfabriqués, présentent l’avantage d’être déjà équipés de salles d’attente, de points d’eau, de frigos ou de circuits de gestion des déchets à risque.
Même son de cloche du côté de Tournefeuille où le maire, Dominique Fouchier, a fait une proposition similaire à la préfecture de Haute-Garonne, en début de semaine. « Nous n’avons pas encore eu de réponse. Mais nous nous tenons prêts à agir et à nous adapter aux besoins. Nous savons nous organiser et gérer des flux. Nous l’avons déjà fait lors des campagnes de dépistage et quand il a fallu fournir des masques », explique-t-il.
Comme de nombreux élus locaux, Dominique Fouchier s’est d’abord inquiété du départ trop timide de la campagne. « Les responsables ont compris qu’il fallait accélérer le processus. Tant pour protéger la santé de nos concitoyens que pour permettre la reprise de l’économie et un retour rapide à la normale », précise-t-il. Et s’il est satisfait de voir la cadence augmenter ces derniers jours, celui-ci regrette toutefois un manque de concertation et d’anticipation.
« Dès le mois de novembre nous savions que nous devrions vacciner massivement. Nous aurions pu, déjà à ce moment là, nous interroger sur la mise en œuvre de cette campagne et sur le moyen de nous associer. Ainsi, nous aurions été prêts le jour venu », déplore l’élu. « Petit à petit cela évolue. Mais au mois de mars, l’État était dans une logique centraliste et jacobine catastrophique. Aujourd’hui, nous sommes associés à un comité territorial pour la vaccination qui réunit l’ensemble des acteurs », corrobore François Chollet.
Enfin, au-delà de la question logistique, rendue particulièrement compliquée par les enjeux de conservation du vaccin, les municipalités font également valoir comme atout leur connaissance du terrain et la proximité avec leur population. « Lorsque la campagne de vaccination sera élargie aux personnes âgées vivant dans leur propre domicile, il faudra être capable de recenser les personnes isolées et éloignées des soins. Nous pourrons le faire grâce au réseau senior ou au fichier canicule », précise François Chollet qui reste convaincu du rôle indispensable que doivent jouer les collectivités locales dans les politiques de santé publique. « C’est la grande leçon de l’épidémie de Covid. »
Reste donc désormais à l’État de garantir l’approvisionnement. « Le vrai frein, ce sera la disponibilité des doses », assure Dominique Fouchier. Pour le moment, le gouvernement table sur un rythme de livraison avoisinant les 500 000 doses par semaine au niveau national.
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