L’Agence nationale pour la sécurité du médicament a décidé d’encadrer la vente des spécialités à base de paracétamol, toxique pour les chats, en interdisant le libre-accès dans les pharmacies.
©Africa StudioIl ne devrait plus être possible de se servir dans les allées du pharmacien, et d’acheter une boîte de Doliprane comme on achèterait une brosse à dents. Présent dans toutes les armoires à pharmacie de France, le paracétamol est incriminé dans de nombreux cas d’intoxication chez le chat.
Pour un mal de crâne, une légère fièvre, des courbatures… le paracétamol est devenu d’un usage tellement courant que son utilisation est de plus en plus systématique. C’est oublier que cette molécule est un anti-inflammatoire, avec ses indications et ses effets secondaires. Cette banalisation s’étend malheureusement aux animaux, et plus particulièrement aux chats, espèce particulièrement sensible au paracétamol.
Tous les ans, les urgences vétérinaires déplorent de nombreux décès suite à l’ingestion de paracétamol. Dans 70% des cas (données du CNITV entre 2008 et 2009), l’intoxication fait suite à une administration volontaire par les propriétaires, preuve évidente d’une mal-information à ce sujet.
Le chat est une espèce particulièrement sensible au paracétamol. La dose la plus faible toxique connue est de 10 mg/kg, ce qui représente 50 mg pour un chat de 5kg. Quand on sait que les comprimés les moins dosés contiennent 250mg, on imagine rapidement les dégâts possibles.
Les symptômes apparaissent dans les quatre premières heures qui suivent l’ingestion : coloration anormalement bleue des muqueuses, troubles respiratoires, vomissements, coma…
Le décès de la victime peut intervenir rapidement en l’absence de traitement.
Si vous faites avaler du paracétamol à votre chat, et que vous constatez votre erreur dans un délai inférieur à deux heures, il est possible de le faire vomir. Attention ne faites jamais vomir votre animal seul. Ce geste relève du vétérinaire. Vous devez donc contacter le vétérinaire de garde au plus vite pour prévoir l’injection vomitive.
Pour une meilleure prise en charge, essayez d’évaluer la quantité de poison avalée, en vous rapportant à la boîte du médicament. Ces informations, ainsi que le poids de votre animal, serviront à calculer la dose ingérée. Sachez qu’il existe un antidote.
Les mesures pour éviter les accidents relèvent du bon sens. La première consiste en une bonne information, et cet article est là pour vous apporter les informations essentielles. La prévention passe par une bonne information. Partagez notre expérience avec votre entourage.
Dans un second temps, nous vous alertons régulièrement sur l’accès à des conseils vétérinaires. Sachez que votre vétérinaire traitant est là pour vous guider et vous accompagner face à vos doutes et questions. Si votre chat présente en comportement anormal, nous sommes là pour répondre à vos questions. N’hésitez pas à venir chercher l’information auprès du professionnel compétent.
Enfin, gardez systématiquement vos médicaments à l’abri des enfants et des animaux. 70% des ingestions sont volontaires, mais 30% restent accidentelles !
Le Dr Sylvain RANSON exerce depuis 20 ans dans les urgences vétérinaires, et intervient dans un service d’Urgences vétérinaires à Toulouse depuis 2016, et gère la régulation vétérinaire de plus de 30000 appels d’urgence par an.
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