Face à une crise qui frappe durement la filière viticole, la préfecture du Vaucluse a annoncé la mise en place d’un fonds d’urgence destiné aux jeunes viticulteurs du département. Depuis le vendredi 2 mai dernier, les exploitants peuvent déposer leurs dossiers, et ce, jusqu’au 2 juin prochain.
Dans le Vaucluse, la viticulture traverse une période difficile. Les jeunes agriculteurs, en particulier ceux installés depuis moins de cinq ans, figurent parmi les plus exposés aux effets de la crise économique qui affecte la filière. Pour y répondre, un fonds d’urgence a été déployé par la préfecture, avec une enveloppe spécifique dédiée aux exploitations du département.
La viticulture représente une part importante de l’agriculture vauclusienne, mais elle est confrontée depuis plusieurs années à une série de difficultés structurelles : surproduction, baisse continue de la consommation de vin, pression sur les prix et augmentation des coûts de production. Pour rappel, fin 2024 et début 2025, plusieurs manifestations ont eu lieu dans la région pour dénoncer la baisse des prix d’achat des négociants, la surproduction non écoulée malgré les distillations successives, et l’absence de perspectives claires pour la filière.
Selon la préfecture de Vaucluse, « la crise conjoncturelle actuelle s’ajoute à une situation de fragilité déjà existante chez les jeunes viticulteurs installés. » Les exploitations récentes sont donc particulièrement sensibles aux aléas économiques, en raison de charges plus élevées et de marges de manœuvre plus faibles. Ainsi, les jeunes viticulteurs sont nombreux à être au bord du gouffre.
L’un d’eux a accepté de témoigner anonymement : « Je me suis installé en 2021, en reprenant les vignes familiales. À l’époque, j’avais un projet clair, avec de la vente directe et un positionnement en AOP Côtes-du-Rhône. Mais en trois campagnes, j’ai vu les coûts exploser et les débouchés se rétrécir. On vendait une bouteille 4,50 euros il y a deux ans, aujourd’hui certains négociants n’en offrent même plus deux… »
Pour palier cette situation, le gouvernement français a annoncé un fonds d’urgence au mois d’avril dernier. Mis en place par la préfecture, ce dispositif a pour objectif de soutenir les exploitations créées entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2023, en zone AOP ou IGP, qui connaissent des difficultés économiques avérées. Les montants peuvent atteindre jusqu’à 20 000 euros par dossier.
Les critères d’éligibilité sont stricts : pertes de chiffre d’affaires ou d’excédent brut d’exploitation supérieures à 20 %, endettement élevé, ou succession de pertes financières sur plusieurs campagnes. Le dépôt des dossiers est ouvert jusqu’au 2 juin 2025 sur la plateforme Mes démarches simplifiées.
De son côté, le jeune viticulteur anonyme reste sceptique : « Je ne compte plus les nuits blanches à revoir mes budgets. Les aides PAC (Politique Agricole Commune lancée par l’UE), c’est long, compliqué, et pas toujours adapté à notre situation. Le fonds d’urgence annoncé en avril, c’est une bouffée d’oxygène, mais ça reste ponctuel. On a besoin de visibilité, pas juste de pansements. Moi, je ne demande pas des subventions à vie, juste qu’on nous laisse une chance d’atteindre l’équilibre. Ce n’est pas une solution structurelle. Autour de moi, plusieurs jeunes envisagent d’arracher, de louer à un voisin, ou de quitter le métier. Ce n’est pas un problème de motivation. On aime ce qu’on fait, mais économiquement, ça ne tient plus. »
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