Dans les Alpes-de-Haute-Provence, la crise des urgences atteint un point de rupture. Seul service encore ouvert 24h/24, celui de Digne-les-Bains alerte une nouvelle fois sur une situation devenue intenable. Les urgentistes dénoncent l’absence de mesures concrètes et réclament un plan d’urgence pour éviter l’effondrement du système de soins.
À Digne-les-Bains, les urgentistes reprennent la parole un an après leur première mobilisation. Et ce, pour dénoncer une situation qu’ils jugent encore plus critique. Malgré les alertes, l’accès aux soins urgents dans le département continue effectivement de se dégrader. Les urgences du département se retrouvent désormais « au bord du gouffre », selon le Dr Hugues Breton, délégué syndical à l’Association des médecins urgentistes des Alpes-de-Haute-Provence (AMUF 04) et urgentiste à Digne-les-Bains.
Depuis deux ans, le service des urgences de la commune est le seul à assurer une ouverture 24h/24 dans tout le département. La fermeture nocturne des services d’accueil des urgences (SAU) de Manosque et Sisteron a effectivement transféré la totalité de la charge sur l’établissement dignois, dont l’équipe médicale fonctionne pourtant en sous-effectif.
Au mois de mars dernier, les médecins urgentistes de Digne-les-Bains ont ainsi dû assumer le travail de 2,7 équivalents temps plein en effectuant des heures supplémentaires. Un effort qu’ils estiment aujourd’hui insoutenable, avec des conséquences directes sur leur santé, la qualité des soins et la sécurité des patients. « Pour rester ouvert la nuit, on est obligé de tous travailler à 120% », explique le Dr Hugues Breton avant d’ajouter : « Pour assurer le suivi médical convenablement, il nous faudrait 4 personnes de plus… ».
Face à ces problématiques, les réponses institutionnelles se sont limitées à une « mission d’appui » symbolique menée par l’ex-ministre François Braun, sans suivi concret, selon les médecins urgentistes de la commune. Aucun état des lieux sérieux des dysfonctionnements n’a été mené, d’après eux. Pire, les déclarations de l’ARS PACA et de son représentant territorial dans la presse sont perçues comme déconnectées de la réalité : évoquant un manque de seulement deux médecins pour rouvrir Manosque, ou suggérant que les médecins « récupèrent leurs heures » – une affirmation démentie par les intéressés.
Face à cette impasse, l’équipe du service des urgences de Digne-les-Bains propose des mesures concrètes :
Les médecins urgentistes appellent dès à présent à un sursaut collectif : élus, préfet, ARS, syndicats et usagers sont invités à se mobiliser pour éviter un effondrement total du système de soins urgents dans les Alpes-de-Haute-Provence. Comme en 2024, ils demandent également aux maires de faire usage de leur pouvoir de police administrative pour enjoindre l’État à décréter un plan d’urgence.
« Nous ne nous estimons plus en capacité d’assumer seuls la permanence des soins urgents dans le département », écrivent-ils avec gravité, rappelant que leur engagement reste intact, mais que leurs ressources humaines, elles, s’épuisent. Le Dr Hugues Breton ajoute : « On ne peut pas continuer à mettre en péril notre effectif, on ne tiendra pas sur la longueur. Nous sommes vraiment au bout du rouleau. »
Enzo Chatel
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