Dans la petite cité de Castellane, le 31 janvier est une tradition synonyme de liberté. Chaque année, les habitants célèbrent la bravoure de leurs ancêtres à l’occasion de l’insolite “Fête du Pétardier”. Au XVIe siècle, les Castellanais avaient repoussé l’envahisseur protestant venu assiéger la ville.
Hiver 1586. Les guerres de religion sèment la terreur en France. Le Baron d´Allemagne et le Duc de Lesdiguières portent leur regard sur une petite cité provençale : Castellane. Tous deux descendants d’Hugues de Castellane, ils assiègent la ville qui appartenait autrefois à leurs familles.
Le 29 janvier un détachement part en reconnaissance pour intercepter toute personne susceptible de donner l’alerte. Mais une femme qui ramasse du bois sur les hauteurs de l’Escoulaou les aperçoit et court donner l’alerte.
Le lendemain matin, les coups de feu et pétards sont dirigés contre la porte de l’Annonciade, réputée la plus faible, mais la ville a eu le temps de se protéger. Les défenseurs répliquent avec leurs mousquets et font des dégâts.
Le coup de grâce est porté par une courageuse habitante nommée Judith Andrau. Du haut de la porte de l’Annonciade, elle ébouillante le capitaine ennemi. Depuis, les Castellanais célèbrent, en chansons et costumes, le courage de leur héroïne et la déroute des assaillants chaque 31 janvier.
Si cette fête insolite existe depuis plus d’un siècle, l’association Lou Petardier a vu le jour au début des années 2000 pour relancer la tradition peu à peu essoufflée. Avec une vingtaine de membres actifs, elle mène la reconstitution théâtrale assurée avec des élèves d’écoles d’art. « Ils nous ont aidés à recadrer, à théâtraliser l’événement », se rappelle Matthias Silvestrelli, président de l’association. « De même, ils nous ont assistés pour les costumes, que l’on essaie de calquer sur des vérités historiques ».
Pour les explosions et autres pétarades qui émaillent la reconstitution, les zouaves (sorte de mousquets) “un peu vétustes” sont tirés à blanc grâce à une poudre noire mélangée à du papier journal en direction toujours de la porte de l’Annonciade.
Entre la messe, la reconstitution, la procession à travers le village et repas communal, l’événement rassemble environ 400 personnes chaque année. Les curieux viennent de loin pour y assister, jusqu’à soixante kilomètres à la ronde », témoigne Matthias Silvestrelli.
C’est un moment indispensable pour la cohésion des villageois. « Nous essayons de nous retrouver chaque hiver, car en été, le tourisme laisse peu de temps aux habitants », explique le président de l’association.
Luc Salles-Cazeaux
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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