Quand certains rêvent de décrocher la lune, Benoît Lanusse, le président de l’association Rallumons l’étoile !, préfère garder les pieds sur terre et redonner vie à l’étoile ferroviaire de la Ville rose. Un réseau de lignes de trains qui pourrait accueillir un futur RER toulousain.
Collectif. Dans la famille Lanusse, l’engagement est une valeur essentielle. « Je viens d’un milieu modeste où tout le monde participe, d’une manière ou d’une autre, à la vie de la communauté », confirme Benoît Lanusse, le président de l’association Rallumons l’étoile !, qui milite depuis près de trois ans pour la création d’un RER sur la métropole toulousaine. Dans le petit village landais où il coule une enfance heureuse, un peu perdu entre Dax et Bayonne, la vie de la maison est rythmée par les réunions du comité des fêtes, fondé par son père, du club de rugby ou du conseil municipal.
Lutte. Déjà enfant, Benoît Lanusse rend de menus services au comité des fêtes. « Comme tout le monde au village », précise-t-il. Une aide qu’il apporte avec plaisir quand il n’est pas au dojo, en train de peaufiner ses mouvements de karaté, ou à pousser en mêlée sur le stade municipal de rugby. Des sports qui lui « ressemblent » et qui lui ont enseigné tant le « travail méthodique et la maîtrise de soi » que « le bonheur de la sublimation réciproque du collectif et de l’individu ». Deux pratiques, encore une fois, indissociables des notions de combat et d’engagement.
Formation. Ces valeurs, Benoît Lanusse les glisse dans son sac quand il quitte le domicile familial pour aller suivre des études d’ingénieur à l’Institut catholique d’Arts et métiers (Icam) de Toulouse. Dès son arrivée, il prend des responsabilités et devient représentant des élèves et responsable du bureau des étudiants. « J’ai toujours assumé mon engagement militant et syndical. Pour moi, ce ne sont pas des gros mots. Quand on porte des idées, il est normal de s’engager pour les faire avancer. J’essaie seulement de ne pas être dans le ”blanc ou noir” parce que c’est rarement constructif », précise-t-il.
Retournement. Son diplôme en poche, le jeune ingénieur en aéronautique refuse, après un stage concluant, une première embauche chez un sous-traitant d’Airbus. « Je m’étais éclaté dans cette boite. Mais je bossais dix heures par jour et je me suis rendu compte que c’était incompatible avec mon besoin de sport et d’engagement », explique Benoît Lanusse. Il se met alors en quête d’un nouveau métier qui lui permette de concilier vie professionnelle, sociale et militante. Pourquoi ne pas se reconvertir dans l’urbanisme ? Autodidacte, il décroche un premier contrat dans ce nouveau secteur d’activité, en Gironde, alors qu’il est encore en train de suivre une formation à distance.
Promotion. Passionné par sa nouvelle activité, Benoît Lanusse tient un blog spécialisé où il partage ses réflexions sur l’urbanisme. Le succès est au rendez-vous et, bientôt, un architecte qu’il compte parmi ses lecteurs lui fait une offre d’emploi. Sa nouvelle mission : monter des projets complexes pour des promoteurs immobiliers. Après trois ans passés à Bordeaux, Benoît Lanusse est de retour dans la Ville rose.
Commun. Mais, à nouveau, son travail se heurte à une volonté de se mettre au service de la collectivité. « C’était très instructif, mais je me suis rendu compte que j’étais plus intéressé par le travail au temps long pour la collectivité », explique Benoît Lanusse qui devient alors fonctionnaire territorial et intègre le service urbanisme d’une petite commune. Avant d’être muté au service de l’intercommunalité à l’occasion d’un transfert de compétences.
Transport. C’est à cette période, lors d’un débat public portant sur la création de la troisième ligne de métro, qu’il découvre le projet de RER Toulousain envisagé par l’Association des usagers des transports en commun de l’agglomération Toulousaine et des ses environs (Autate). « C’est une idée qui, de manière un peu surprenante, a été rapidement écartée par Tisséo. Avec quelques personnes présentes, on s’est dit qu’il était dommage d’opposer des solutions qui nous paraissaient complémentaires », se rappelle Benoît Lanusse. Séduits par ce projet consistant à optimiser les lignes ferroviaires existantes pour y proposer des trains régionaux circulant avec une forte cadence, ces citoyens décident de monter un collectif qui deviendra rapidement une association : Rallumons l’étoile ! En référence à la forme du réseau ferroviaire dont plusieurs branches convergent à Toulouse.
Conviction. Depuis décembre dernier, Benoît Lanusse est même devenu président de la structure militante. Reprenant à son compte une maxime du groupe Descartes qui a participé à la concertation autour du Grand Paris, « ce qui serait extraordinaire, serait d’améliorer l’ordinaire », celui-ci espère non seulement faire aboutir le projet de RER toulousain, mais aussi permettre aux citoyens de se réapproprier le débat public autour des questions d’urbanisme. Experts, institutions, politiques ou riverains… Pour lui, tout le monde a sa place et quelque chose à apporter.
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