Écoute. La commune du nord toulousain a engagé une démarche innovante de consultation de ses habitants au moment de réviser son plan local d’urbanisme. Baptisée Bimby, elle se base notamment sur des entretiens individuels avec des architectes pour « connaître les projets de vie de chacun ».
Par Thomas Gourdin
Bimby, pour Build in my backyard. Littéralement, « construit chez moi ». Derrière ce nom un peu barbare, se cache une démarche participative créée par les architectes Benoît Le Foll et David Miet, qui permet aux habitants de contribuer activement au plan local d’urbanisme (PLU) de leur commune. Un dispositif né en 2009, expérimenté par plusieurs collectivités du nord de la France, en partie testé par Vigoulet-Auzil, mais que la municipalité de Bouloc est la première en Midi-Pyrénées à exploiter pleinement.
Comment ? Outre une série de quatre ateliers thématiques, les contribuables ont surtout été conviés à rencontrer des architectes au cours d’entretiens individuels. « Il s’agit de connaître leurs idées, leurs projets d’habitat mais avant tout leurs projets de vie, explique la maire socialiste Ghislaine Cabessut. Cela permet aussi de parler du PLU, qui est un projet de ville pour 2030, pas uniquement un document réglementaire. » Mais aussi un document qui reste mal connu des habitants, bien qu’il définisse les grandes orientations en matière d’aménagement.
Participation inattendue
Alors que Bouloc compte 1600 parcelles bâties, 140 familles ont répondu à la démarche Bimby. Des chiffres « inespérés » pour l’élue. « Nous avons organisé quatre jours d’entretiens individuels et il y a encore des files d’attente. Les ateliers thématiques ont aussi fait salle comble », ajoute-t-elle. Un retour sur investissement bénéfique, puisque la municipalité a déjà consacré plus de 100.000 euros à la révision de son PLU.
Et qu’elle est confrontée à certaines problématiques liées à son urbanisme. Ghislaine Cabessut explique : « Bouloc est essentiellement composé d’un habitat pavillonnaire. Et comme beaucoup, nous sommes confrontés aux obligations de densification imposées par la loi Alur (pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, NDLR), qui a par ailleurs entraîné une division parcellaire très anarchique. De plus, la commune présente la particularité de s’être développée en étoile, ce qui pose la question du lien avec le centre du village. »
Déjà un impact sur les réflexions des élus
Les quatre cabinets d’architecture et bureaux d’études mandatés par la mairie, dont Villes Vivantes, celui de David Miet qui profite des singularités boulocaines pour peaufiner le modèle Bimby, doivent maintenant synthétiser l’ensemble des informations recueillies. Ils restitueront ces éléments en novembre. Les élus espèrent ensuite boucler le plan d’aménagement et développement durable – PADD, l’étape intermédiaire – au premier trimestre 2016, pour un PLU opérationnel mi-2017.
Ghislaine Cabessut prévient cependant : « La rencontre avec un architecte ne veut pas dire que la mairie validera automatiquement les projets personnels des habitants. En revanche, cela permettra de définir le PLU de manière plus globale, en prenant en compte les remarques, les besoins et les contraintes de chacun. » Cette consultation des habitants, qui a fait office de brainstorming géant, a déjà fait évoluer les réflexions de la municipalité sur certains projets. Par exemple, l’emplacement du nouveau complexe scolaire. De quoi, espère-t-on du côté des élus, éviter de futurs conflits sur ce PLU. Un document souvent sujet à recours.
Commentaires