Vieux dossier. Elle a été un sujet de discorde lors de la dernière campagne municipale. Mais la seconde rocade est-elle toujours d’actualité ? Rien n’est moins sûr.
Par Julien Davenne
Quand ils déposeront les statuts de l’association de lutte contre le tracé de la seconde rocade, les habitants des petites bourgades tranquilles de l’est toulousain ne manqueront pas de conseillers. Ils pourront pour cela solliciter ces associatifs tout terrain, alchimistes patentés, qui ont transmuté leur engagement associatif en un mandat confortable sous les ors du Capitole. Frédéric Brasilés, et sa collègue Françoise Roncato en savent long sur les techniques d’entrave aux projets de transports. Le premier s’est mobilisé pour retarder la prolongation de la ligne du tram des Arènes. Il n’a rien obtenu d’autre que la reconnaissance du candidat Moudenc, c’est déjà ça. En prenant la tête de l’opposition au projet de bus à haut niveau de service, Françoise Roncato a gagné ses galons de chantre de l’immobilisme. La défaite de Cohen a précipité sa victoire et il n’y aura pas de BHNS dans son jardin. D’ailleurs, il n’y a rien dans son jardin et le site du Collectif des associations de Lardenne affiche sa satisfaction en affirmant que Lardenne « restera comme nous l’avons toujours connue. » Tout un programme. Or donc, ils peuvent fourbir leurs armes, les habitants de l’est toulousain. Ils peuvent établir un contact régulier avec les zadistes de Sivens, toujours en quête d’une zone humide à défendre, d’un batracien à protéger, d’un État à houspiller. Pourtant, rien n’est fait. Rien n’est dit. La seconde rocade ne serait-elle qu’une ligne de démarcation activée en période électorale ? C’est en 2003 que le Comité interministériel d’aménagement du territoire retenait le principe du projet de contournement de Toulouse. En 2007, la Commission nationale du débat public se saisissait de la question. 16 réunions publiques furent organisées laissant toutefois bon nombre de questions en jachère, en particulier en ce qui concerne l’éloignement du contournement par rapport à la ville (de 10 à 35 kms.) Trois pistes de travail furent néanmoins retenues; contournement Ouest+Sud, Est+Sud ou Est seul.
“Une seconde rocade entièrement financée par péage privé”
Sans qu’un choix net soit exprimé, il semble que c’est cette dernière hypothèse qui retenait surtout l’attention ; nombre d’élus souhaitant aussi « saisir l’opportunité » de ce tracé pour faciliter la liaison Toulouse/Castres. Dans le même temps, les représentants de la mouvance écologiste exprimaient leurs réticences, et puis voilà… En 2008, Jean-Louis Borloo, en charge de l’écologie au sein du gouvernement Fillon rejetait, au nom des nouveaux enjeux en matière de développement durable, l’idée d’un contournement autoroutier. L’élection municipale de 2014 a ravivé le débat, Jean Luc Moudenc remettant le projet sur la table en optant pour « une seconde rocade entièrement financée par péage privé. » Mais depuis, rien. Le soufflet est retombé, le débat est clos. Alors que les compteurs s’affolent, que la population de la métropole ne cesse d’augmenter, le trafic sur le périphérique semble se réguler. De 2007 à 2010, il a même fléchi, avant de connaître une légère croissance en 2011[1]. La prochaine échéance municipale est prévue pour 2020, il sera toujours temps de remettre le couvert. Pour l’heure, c’est plutôt la tendance, « circulez, il n’y a rien à voir » qui semble l’emporter. Facile à dire.
3 questions à… Jean-Michel Lattes, premier adjoint à la Mairie de Toulouse en charge des déplacements et de la culture occitane:
Quelle est la position municipale quant à la « seconde rocade » ?
Nous sommes complètement favorables à ce projet. Nous voulons le faire avancer, car nous considérons qu’il est essentiel, voire la seule solution pour désengorger la rocade.
Où en est-on ?
C’est un dossier qui est dans la zone géographique de la métropole. Le maire a demandé au préfet d’inscrire le projet dans le plan état région, ce qui a été accepté. Nous en sommes à l’étape où les études vont être lancées, le maitre d’œuvre est l’Etat, mais les collectivités accompagnent.
Quel type d’aménagement est prévu à ce jour ?
Ce n’est pas réellement d’une seconde rocade dont on parle. En tout cas ce ne sera pas un axe routier qui fera le tour de la métropole mais plutôt des « barreaux » qui vont permettre d’écarter la circulation, comme autant de compléments ponctuels à la rocade. L’enjeu : créer une dérivation des flux automobiles paralysants la rocade.
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