Abnégation. « Faire de la politique sans ambition personnelle est possible! » Le parcours de Sébastien Nadot en est la preuve. Il prépare les prochaines élections départementales avec le Mouvement Progressiste (anciennement MUP) de Robert Hue, mais elles auront lieu sans lui.
Il était l’invité surprise lors des dernières élections sénatoriales en se présentant en tête de liste de l’ex-MUP, Mouvement unitaire progressiste, initié par Robert Hue, ancien patron du PCF. Si les joutes politiques ne sont pas forcément son domaine de prédilection, ses expériences et sa formation de professeur d’éducation physique l’ont sûrement aidé à s’y préparer. Pourtant rien ne le prédestinait à un tel engagement politique local : « en réalité, il s’agit d’un concours de circonstances ! » confie-t-il. Ce Gersois avoue ne pas s’être préoccupé de politique jusqu’à il y a quelques années : « bien sûr, je m’intéressais à ce qu’il se passait autour de moi et j’avais une conscience politique, mais pas plus que n’importe quel citoyen. » S’il est fier de raconter que sa « grand-mère a été la première femme conseiller municipal en 1946 » et que le souvenir de l’élection de François Mitterrand lui revient en mémoire par « l’exultation de mon père », Sébastien Nadot n’a éprouvé un déclic qu’en 2002, « lorsque j’ai vu Jean-Marie Le Pen accéder au second tour des présidentielles ! »
Jusque-là, il s’est essentiellement efforcé d’accomplir sa vie personnelle et professionnelle. Après avoir réalisé des études en STAPS pour décrocher son diplôme de professeur d’EPS en 1994, il occupe des postes au gré de ses mutations, allant de Poitiers à la région parisienne, en passant par Bourges et Orléans. Là, il lui est demandé d’élargir ses domaines d’enseignement et le voilà engagé à nouveau dans les études. Il entame une licence d’Histoire, puis enchaîne une maîtrise, pour finalement décrocher un doctorat à Paris. À ses heures perdues, il pratique le basket et se rend régulièrement aux rencontres de l’équipe de Bourges où il y rencontre son épouse. Ensemble, ils s’installent à Nice pour ensuite emménager sur Toulouse où elle prépare le concours d’entrée à l’INET qu’elle décroche. Lui, préfèrera mettre sa vie professionnelle entre parenthèses pour permettre à son épouse de se réaliser : « de nous deux, c’est elle qui aura la carrière la plus aboutie, j’ai donc décidé qu’elle serait prioritaire », explique-t-il, sans aucun regret dans la voix. Ainsi, c’est Sébastien qui prendra ses congés parentaux pour s’occuper de leurs deux filles, Elise et Agathe. Il y a quelques mois, il reprenait le chemin de l’école pour enseigner le sport au lycée Stéphane Hessel (ex-Jolimont).
« La caste politique s’agite beaucoup pour des futilités »
Quant à sa vie politique, elle n’a débuté qu’il y a peu. Si le jeune Sébastien développe une conscience politique assez tôt, il n’en reste pas moins que cette dernière ne l’intéresse pas… pour l’instant ! « J’ai pourtant essayé de me rapprocher du PS lorsque je vivais à Nice, mais l’état d’esprit local ne m’a pas séduit », précise-t-il. C’est amèrement qu’il constate que « la caste politique s’agite beaucoup pour des futilités. » Le déclic a eu lieu bien plus tard, lorsqu’il écoute une émission de radio dans laquelle intervient Robert Hue. « Je l’ai trouvé très intéressant ! » raconte Sébastien Nadot, alors surpris car « je pensais qu’il avait quitté la politique. Il était en fait encore sénateur ! Je le pensais très âgé mais il est plus jeune que Cohn-Bendit et Fabius », lâche-t-il en riant. C’est pour cela que, 15 jours plus tard, quand Robert Hue vient à Toulouse pour une conférence, il s’y rend et le rencontre. « En sortant, il me tutoyait et nous ne nous sommes plus quittés », ironise-t-il. Un an plus tard, Sébastien se présente aux sénatoriales « totalement décomplexé. Mais les autres candidats n’ont pas compris ma démarche. Comment un simple citoyen pouvait-il se présenter ? C’est justement là l’intérêt! » Fier d’avoir obtenu 15 voix, Sébastien Nadot a cependant fait le choix de ne pas se présenter aux prochaines échéances des élections départementales. « Je ne cours pas après un mandat, je ne suis pas un pro de la politique, je veux simplement que mes idées soient défendues ! » clame-t-il. Lui ou un autre, peu lui importe, il travaille pour le Mouvement progressiste et souhaite que de nouvelles têtes apparaissent. « Nous sommes en contact avec le PRG et nous tentons de faire connaissance avec le nouveau bureau local du PS, mais nous nous interrogeons encore quant à la présentation de nos candidats sur tous les cantons. La décision sera prise dans 15 jours ! » termine-t-il. En attendant, il travaille sur une biographie de Robert Hue, qu’il publiera dans un an.
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