Exigeant. Depuis 6 ans maintenant, Thierry Suaud occupe le fauteuil de maire à Portet-sur Garonne, et c’est auprès de son prédécesseur qu’il a fait ses armes.
Reconduit pour son second mandat en mars dernier avec 65 % des voix, Thierry Suaud est l’un des maires les mieux réélus du département de la Haute-Garonne. Et c’est à force « d’engagements et de rigueur » que l’homme s’est peu à peu imposé dans la sphère politique locale, mais cela ne s’est pas fait en un jour. Dès son enfance, il est sensibilisé à la politique par ses parents qui, « même s’ils n’étaient pas militants, veillaient au débat d’idées en famille ». Effectuant son service militaire, son père est envoyé en République centrafricaine, suivi par sa femme qui donnera le jour, en 1968, à Thierry Suaud, dans ce pays gouverné par Bokassa. « Ce dictateur sanguinaire a profondément marqué mes parents qui, une fois de retour en France, n’ont eu de cesse de me transmettre leur amour de la démocratie », explique-t-il. Après être rapidement passée par la région parisienne, la famille Suaud revient vers le Sud et s’installe au Grès (à proximité de Cadours) où Thierry suit sa scolarité jusqu’au lycée. Puis c’est à Toulouse qu’il intègre Fermat et que sa conscience politique se façonne : « À cette époque-là, j’étais déjà engagé à SOS Racisme », avant de décrocher une licence d’histoire puis une maîtrise de science politique au Mirail (Université Toulouse Jean-Jaurès aujourd’hui, ndlr). Mais c’est en 1986 qu’il concrétise son engagement militant, lorsque de novembre à décembre, il participe au mouvement s’opposant à un projet de loi des Universités. Il intègre alors l’Unef-ID et adhère au mouvement du « Manifeste contre le FN » créé par Jean-Christophe Cambadélis. « Entre ce qui se passait en Centrafrique et, plus près de moi à l’époque, en Espagne avec Franco, j’ai développé de fortes valeurs socialistes, républicaines et antifascistes, d’où mon engagement très tôt ! J’ai toujours pensé qu’il fallait être acteur de sa propre vie », précise-t-il. À 20 ans, il adhère donc aux Jeunesses socialistes et s’encarte au Parti socialiste. Depuis, l’homme est toujours resté fidèle au PS, « même si j’ai quelques réserves, aucune ne m’a fait renoncer ! » Pour n’en citer qu’une, il confie ne pas avoir été favorable à la direction prise par la majorité de son parti lorsque le PS a répondu « oui » au Traité constitutionnel européen. Quant à la politique menée par le gouvernement actuel, son analyse reste pragmatique : « Le dernier congrès du PS a certes démontré que même si les idées divergent, le PS sait prendre des positions de rassemblement, mais ces dernières restent molles. Je suis un socialiste critique certes, mais je préfère les réformes aux ruptures violentes ! » Ainsi, il soutient la démarche du gouvernement Valls, car « aujourd’hui, il faut éviter une crise de régime ! »
« Il faut être acteur de sa propre vie »
Cependant, Thierry Suaud reste pragmatique et s’investit localement puisqu’il siège depuis plusieurs années dans les instances du PS (Conseil fédéral) et, en 2001, devient conseiller municipal d’opposition de Toulouse, avant d’être élu au Conseil régional en 2004. Il confie d’ailleurs avoir beaucoup appris de « l’école Malvy ». En parallèle, et ce depuis l’âge de 26 ans, il travaille au service communication de François Péraldi, maire de Portet-sur-Garonne depuis 1977. Et quand ce dernier décide de ne plus se représenter, les militants socialistes lui demande de prendre la relève. C’est ainsi qu’il s’installe à la mairie de Portet après avoir remporté les élections municipales de 2008. D’un naturel patient mais déterminé, il se dit également exigeant et son équipe municipale l’a bien compris : « Je prône l’exemplarité et je suis donc aussi pointilleux avec les autres qu’avec moi-même. Aujourd’hui, cela paye puisque toute mon équipe est pleinement engagée dans ses missions. » Tellement même que Monsieur le maire confesse ne plus dormir beaucoup : « Je ne sais plus si c’est parce que je n’en ai plus le temps ou si je n’en ressens pas le besoin ! » Mais rien ne l’empêchera d’emmener ses enfants à l’école le matin : « Je ne peux pas commencer ma journée autrement », confirme-t-il. Il tient à préserver ce lien familial sachant que la politique et la gestion de sa commune lui prendront tout le reste de son temps. « La politique, ma famille et mes amis sont pour moi un équilibre indispensable », conclut-il.
3 années phares :
Commentaires
CLAIRE MOUTON le 07/10/2024 à 15:32
Excellent article Sèverine, bravo et merci !