INSOUMIS. Economiste de formation et maître de conférences à la Sorbonne. Il a été député (PS) européen. Élu conseiller régional en décembre 2015 sur la liste portée par Carole Delga, il s’est abstenu lors du vote pour la désignation de la présidence de la région.
Avec un nom aux consonances asiatiques, il coule dans les veines de Liêm Hoang-Ngoc du sang vietnamien. Né en 1964 au sud du Viêt Nam à Saïgon, aujourd’hui Hô-Chi-Minh-Ville, ses parents sont médecins. Ils mettent au monde quatre enfants. En 1968, face au conflit intérieur armé qui divise le pays en deux, “un départ précipité” est organisé avec l’aide d’expatriés français. La famille Hoang-Ngoc choisit de s’installer à Amiens (80).
En 1981, Liêm Hoang-Ngoc, lycéen en première écoute à la radio « des artistes engagés à gauche ». Déjà à cette époque, il perçoit « le malaise social » ambiant. Des convictions qui ne sont pas de droite parce-qu’il pense que « la critique sociale est de gauche ». Le jeune homme est alors aux antipodes des convictions politiques de ses parents. Dans une famille aux « valeurs traditionnelles où une femme doit rester à sa place et où vous êtes toujours le cadet de quelqu’un, c’est une demande d’émancipation à tous les niveaux », explique Liêm Hoang-Ngoc. Au soir de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, il n’a « pu sortir de la maison pour fêter la victoire avec [ses] amis ». « C’était une ambiance de mort », se souvient encore Liêm Hoang-Ngoc, à la limite du « les rouges arrivent ! ». Avec un « père assez psychorigide qui n’a pas appris à discuter » et une mère qui « temporise » tout en faisant de ses enfants des « pourris gâtés », le lycéen a été inscrit d’office en étude de médecine. Une orientation post-bac qui ne lui plaît pas. C’est avec le tournant du premier plan de rigueur que Liêm Hoang-Ngoc a définitivement choisi son futur parcourt d’étudiant, son dada c’est l’économie. Il veut « faire de l’économie pour comprendre les débats politiques. » Il a fallu l’intervention de Roland Pérez, président de l’université d’Amiens (aujourd’hui université de Picardie Jules-Verne), pour qu’il achève de convaincre le paternel de revenir sur la décision.
“Le soir de l’élection de F. Mitterrand, c’était une ambiance de mort à la maison”
Dorénavant étudiant en sciences de l’économie à Amiens, il adhère au syndicat étudiant Unef et en deviendra le président. Il poursuit ses études à “Paris 1” et rencontrera plusieurs ténors actuels du Ps, dont Christophe Borgel, alors président du syndicat étudiant au niveau national. Il s’encarte au PS en 1987, d’abord pour une année. Sorti major de sa promo, Liêm Hoang-Ngoc se voit doter d’une allocation de recherche. Parmi ses confrères, Bernard Maris, qui se connaissaient depuis 1996, lui demandera de le remplacer pendant les vacances pour une chronique éco sur France Inter. Le binôme fonctionnera une saison entière en 2008.
Positionné dans l’aile gauche du PS, il est proche d’Henri Emmanuelli qui le soutient pour une candidature aux européennes en 2009. Pari gagné, le nouveau parlementaire s’intéresse aux questions économiques et notamment à la troïka. En désaccord avec le choix de la doctrine économique du PS au congrès de Poitiers, il quitte le parti en juin 2015 et fonde la Nouvelle gauche socialiste qui rassemble aujourd’hui « 1.000 adhérents ». Lors des élections régionales de 2015, il fait partie de la liste conduite par l’écologiste Gérard Onesta et qui rassemble, en plus de la société civile, plusieurs partis à gauche dont Nouvelle gauche socialiste.
Là aussi en désaccord avec le cumul des mandats de Carole Delga, il s’abstient lors du vote pour le perchoir du conseil régional. « La charte éthique et démocratique, que la liste Nouveau Monde en commun avait érigée en symbole des nouvelles façons de faire de la politique, est loin d’être respectée », déclarait alors Liêm Hoang-Ngoc. En représailles de cette abstention, l’économiste qui était pressenti pour la présidence de Midi Pyrénées Europe s’est vu « retirer » sa candidature au détriment de Romain Pagnoux.
Pour Liêm Hoang-Ngoc, les convictions priment d’abord et « une autre gauche » est à reconstruire.
Kevin Figuier
3 dates :
1968 : Il arrive en France
2009 : Il est élu au Parlement européen
2015 : Il quitte le PS et fonde Nouvelle gauche socialiste
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